24H Spa

Mon nom est personne...

GT World Challenge Europe
FFSA GT
25 juil. 2022 • 17:00
par
lmercier à Spa-Francorchamps
Il fait les beaux jours de la catégorie GT4 en Am mais il ambitionne bien plus que la simple catégorie. Plutôt pas mal pour quelqu'un qui se dit lui même être personne...
Photo : Jules Benichou

Quand il suivait l’arrivée des 24H du Mans 2017 dans son canapé, il n'imaginait certainement pas disputer les 24H de Spa cinq ans plus tard avec Earl Bamber, double vainqueur de la classique mancelle et lauréat du double tour d’horloge spadois en 2020. Il vous dira qu’il est arrivé là par hasard et qu’il n’était absolument pas prédestiné à avoir une carrière de pilote en plus d’une vie professionnelle bien remplie tout de même autour de l’automobile.

 

Champion de France et d’Europe Am en GT4 chez Fullmotorsport, Christophe Hamon découvre les 24H de Spa cette semaine dans une Porsche 911 GT3 R engagée par Singha Racing TP12 partagée avec Piti Bhirombhakdi, Tanart Sathienthirakul et donc Earl Bamber. Il y a 6 ans, Christophe Hamon vivait déjà un rêve éveillé sur le tracé belge en partageant son baquet avec un certain Robert Kubica. Spa est décidément pour le pilote Bronze un tracé qui lui permet de vivre à fond sa passion motorisée.

 

Christophe Hamon, qui n’a pas l’intention de laisser passer le bon wagon, s’est confié à Endurance-Info sans concession et avec franchise. Son objectif : aller taquiner le plus possible les feuilles de temps.

Photo : Jules Benichou

Cette participation aux 24H de Spa était préméditée depuis longtemps ?

 

« Je ne peux pas nier que c’était une envie mais pour cela il fallait que je puisse y faire quelque chose de bien. Le double titre Am a créé une certaine émulation et les partenaires qui me financent à 100% m’ont suivi dans ce nouveau challenge. Plusieurs d’entre eux m’accompagnent en GT4 et ils souhaitaient un passage en GT3. Une saison complète n’était pas d’actualité sur le plan financier. Mon nom est personne, alors rien n’est simple. Je connais les équipes françaises, donc je me suis rapproché de JBR Management (la structure de Jules Gounon et Bastien Ostian, ndlr). Ce deal pour Spa a vu le jour grâce à leurs contacts. J’ai discuté avec six équipes et Earl Bamber Motorsport a retenu toute mon attention. »

 

Une certaine pression à rouler avec Earl Bamber ?

 

« Rouler avec Earl est la cerise sur le gâteau. Il a gagné Le Mans à deux reprises et c’est maintenant mon coéquipier. Le premier jour des essais officiels à Spa, je ressentais qu’il attendait beaucoup de moi sans me le dire. L’équipe s’est montrée satisfaite de mes deux jours dans la voiture à Spa. Ma dernière vraie apparition en GT3 remonte à 2015 du temps de l’Audi/Sébastien Loeb Racing (on l’a vu depuis sur la finale GT World Challenge Europe au Paul Ricard en 2020 chez Saintéloc Racing, ndlr). Là, c’est autre chose avec cette Porsche qui a 14 boutons sur le volant et 24 sur la console centrale. L’accueil dans l’équipe a été très chaleureux. »

Photo : Jules Benichou

Quel est l’objectif ?

 

« Ne pas commettre la moindre bêtise, vivre un rêve et décrocher un bon résultat. Je ne veux pas disputer les 24H de Spa uniquement pour prendre part à la course. »

 

Vous avez conscience du niveau en piste, d’autant plus que vous allez cumuler le même week-end GT4 et GT3 ?

 

« Je ne suis pas effrayé par le fait de passer de l’Audi R8 LMS GT4 à la Porsche 911 GT3 R et inversement. En un demi-tour, tu arrives à te recaler et je connais tellement l’Audi. »

 

En GT4, on vous voit régulièrement venir titiller des pilotes bien plus capés. C’est une source de motivation ?

 

« Le classement général m’intéresse. Je mesure 1m86, je pèse 110 kg et j’ai débuté en sport auto il y a seulement dix ans. Aller aussi vite qu’un Silver me motive. Je me mets sans cesse une pression pour aller chercher un résultat au général. J’espère être vu comme un Bronze rapide et non comme un Bronze avec du budget. »

Photo : Patrick Hecq

Avouez que visez les 24H du Mans…

 

« L’arrivée des GT3 en 2024 renforce mon envie d’être au Mans dans moins de deux ans. Je vais déjà mettre toutes les chances de mon côté à Spa où je roule dans une top équipe sur une très bonne auto. J’ai quatre saisons chez Fullmotorsport et cinq sur l’Audi R8 LMS GT4. Je sais tout anticiper. Là, je découvre tout : les 24H de Spa, l’équipe, la voiture. »

 

Votre parcours en sport est tout de même improbable…

 

« Je n’ai jamais fait de karting et je travaille 20 minutes de datas par meeting. En revanche, je partage beaucoup avec mes coéquipiers. A aucun moment je n’aurais pensé en arriver là. Pas une seule fois ! J’avais une Porsche 996 GT3 de route où j’allais rouler de temps en temps sur circuit en 2012. J’ai ensuite tenté le Roscar et je tournais autour des 997 Cup. Mon mécanicien, qui travaillait chez Racing Technology (l’équipe de Sylvain Noël, ndlr), m’a incité à rouler au Val de Vienne pour découvrir quelque chose de nouveau. Je fais P2 en course après un tête-à-queue dans le premier tour. Tout est parti de là et tout s’est enchaîné : Porsche Club Motorsport, Porsche Carrera Cup France. »

Christophe Hamon chez Racing Technology en PCCF (2014)

Place ensuite au GT ?

 

« Nous sommes début 2015 et je suis au ski. Je reçois un appel de Franck Tiné, manager du Sébastien Loeb Racing. Je crois à une blague car je me demande bien ce que ce mec peut me vouloir de sérieux. Pourquoi il m’appellerait ? Je lâche l’affaire mais je le rappelle le soir, juste pour voir. Finalement, je roule avec Lonni (Martins) et Sacha (Bottemanne). »

 

En 2016, vous roulez avec Robert Kubica en Renault Sport R.S.01 à Spa. Un grand moment ?

 

« Même avec le temps, je dois encore me pincer pour y croire. Je n’ai jamais eu autant de pression sur un meeting. Robert faisait son retour à la compétition, alors il était hors de question pour moi de faire la moindre connerie. C’était dingue ! J’ai dû prendre un départ avant de laisser la voiture à Robert. Finalement, on fait podium. Cela fait dix ans que je n’ai pas passé une seule saison au même stade. J’ai toujours cherché à progresser. »

 

Un regret de ne pas avoir débuté le sport auto plus tôt ?

 

« Pas du tout ! J’ai passé mon permis de conduire en 1995 mais avant cela je roulais en Citroën Mehari à la campagne. J’ai fait l’école de la route avec des trucs qu’on ne pourrait plus faire aujourd’hui. C’est aussi pour cela que je suis à l’aise dans le trafic (il se marre). »

 

Gamin, vous aviez une idole ?

 

« Ayrton Senna ! Quand il est décédé, je me souviens exactement où j’étais et ce que je faisais. Je peux tout revivre dans ma tête. C’est un peu à l’image du 11 septembre 2001. »

 

Vous voulez toujours vous prouver quelque chose à vous-même en piste ?

 

« J’ai une obligation de résultats pour mes partenaires. Tu connais beaucoup de partenaires qui aiment les loosers ? »

 

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