Laurent Mahiet aux 24H du Mans 1972, la révélation...
Dans la deuxième moitié des années 60 mon père m'emmenait chaque jeudi sur les chantiers où il travaillait. J'ai passé ces journées à faire mes devoirs, dessiner et lire. En fin d’après-midi la récompense était de faire un tour sur un scraper ou un dumper avant de repartir.
Nous habitions Tours et les chantiers succédaient aux chantiers.
La nouvelle destination professionnelle de mon père se trouvait dans un village de la Sarthe, Arnage. La fin de journée s'est terminée dans les garages du circuit : à la place des engins de chantier je voyais des voitures plus belles les unes que les autres, et ce bruit, cette fureur magnifique qui allait me marquer pour le restant de mes jours.
Mon père allait voir la course avec des amis. Il ramenait chaque année à moi et à mon frère une Dinky Toys : il me reste une Ferrari 250LM, une Ford GT40 et une Alpine A220.

Eté 1968 nous déménageons à Nantes après un mois de mai agité où il était interdit d’interdire. Mais toujours trop jeune pour aller voir la course qui a eu lieu en Septembre…
1972 : c’est la grande année, j’ai 13 ans et je suis devenu éligible ! J’ai eu un appareil photo pour ma communion et j’ai retrouvé ces photos que je recherchais depuis bien longtemps en septembre 2019 lors du déménagement de mes parents de La Rochelle vers Marseille.
Cinquante ans après Le Mans 1972 reste un souvenir magique : Départ de Nantes vers Le Mans où nous nous sommes installés pour la mise en grille avec l’arrivée des voitures et des pilotes vedettes de l’époque. Jean-Luc Lagardère avait bien fait les choses avec un pilote français dans chaque Matra : Henri Pescarolo et François Cevert avaient mes faveurs mais il ne fallait pas oublier les deux Jean-Pierre, Beltoise et Jabouille. Ferrari absent, c’est Alfa Romeo qui était le rival annoncé des Matra. La belle 33TT3 sera battue par KO malgré la qualité de ses équipages avec entre autres Vic Elford, Helmut Marko et Rolf Stommelen. Après la fin des 917 Porsche avait ressorti ses 908 sous toutes les formes : la 908 LH allait terminer à une belle troisième place avec à son volant un certain Reinhold Joest. Lola qui était un outsider allait connaître une course tragique avec l’accident mortel de Jo Bonnier.

Les américains étaient là comme aujourd’hui avec la Chevrolet Corvette, le Greenwood Racing avait une magnifique livrée aux couleurs du drapeau américain pour sa C3. Les superbes Ferrari Daytona étaient nombreuses et Jean-Claude Andruet allait prendre une belle cinquième place avec Claude Ballot-Léna : Deux noms mythiques du sport automobile français avec une présence importante de rallymen. Les Porsche 911 et De Tomaso Pantera complétaient le plateau des ancêtres de nos actuelles GTE. Les Ford Capri et BMW présentes pouvaient être assimilées à nos actuelles GT3 !

Guy Ligier était présent avec ses JS2. On avait découvert un nouveau constructeur avec sa JS1 deux ans auparavant. Merci à Jacques Nicolet d’avoir permis à Ligier de renaître ! En 1972 la Duckhams Ford me plaisait tout particulièrement : un anglais du nom de De Cadenet cela doit cacher quelque chose !...J’ai donc pris soin de photographier ce qui était le résultat des heures supplémentaires d’un certain Gordon Murray…

A côté de la pace-car (Porsche 911), on peut voir Georges Pompidou qui était présent au départ de la course. Mais il faut bien le chercher sur la photo !
Aujourd’hui encore je me place au même endroit pour profiter du grand moment de l’avant course. C’est quelque part mon pèlerinage…

Juste après le départ, je me souviens d’une foule immense sur une pit-lane séparée de la piste par un simple rail ainsi que des personnes perchées sur les parapets des garages. De notre côté c’est un simple muret sans grillage qui nous séparait du bord de la piste, tout cela a bien changé...
Après la première heure de course nous avons longé la piste vers le Tertre Rouge, la foule était bien présente et il était difficile de s’approcher de la piste. Les arbres n’avaient pas encore disparu et les Esses de la forêt portaient bien leur nom.

La fin d’après-midi allait vite passer avec un retour vers les stands ainsi que le passage obligé du début de soirée: l’achat d’un poulet rôti aux Comptoirs Modernes !
La nuit tombe mais je tiens bon, normal c’est le plus beau jour de ma vie ! Il y a aussi le bruit des moteurs en l’enchantement du célèbre V12 Matra…
Nous finissons la nuit dans la voiture avec un réveil dans la froidure du petit matin. Je ne m’en souviens plus du tout comme de la pluie mais je suis certain qu’il faisait froid…

Au lever du soleil rien ne vaut un passage à Arnage, les voitures souffrent et passent parfois le virage avec difficulté. C’est quelque chose ce virage avec des maisons qui semblaient au bord de la piste !
Deuxième étape obligée, Mulsanne : même punition pour des voitures qui ont dépassé la mi-course.
La fatigue se fait de plus en plus sentir mais j’ai l’âge pour tenir bon !

La fin de course approche et c’est un scoop, Matra s’impose avec Henri Pescarolo dont le casque vert en plastique était en vente dans toutes les stations Elf : bien évidemment j’en avais eu un quelques années auparavant ! Pour Graham Hill c’est l’exploit de la triple couronne.
C’était l’époque du Sport-Auto de Gérard Crombac, magazine que j’achetais tous les mois !
Bon sang 50 ans…





Commentaires (1)
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kiko40
8 juin. 2022 • 10:24