Claude Degremont (CD Sport) : "Je ne réalise pas..."

A l'arrivée de la finale de l'Asian Le Mans Series à Abu Dhabi, Claude Degremont, le CD de CD Sport, était sans voix et ne savait pas quoi dire. Le fondateur de la structure périgourdine se trouve seul à l'arrière du stand à envoyer un sms. Sa structure créée en 1995 vient de connaître son plus beau succès dans un championnat international. 

Rentré en France avant la finale, Laurent Cazenave, son associé, a pris 10 ans en quatre heures, comme il l'a confirmé par message à Endurance-Info à l'arrivée. L'un n'a pas de mot, l'autre a pris 10 ans. 

"Pour gagner un championnat, il faut de la chance", a déclaré Claude Degremont à Endurance-Info. "Nous en avons eue, mais c'est pour toute la malchance rencontrée auparavant. Là, les planètes se sont alignées. C'est incroyable, hallucinant, je ne réalise pas." 

Pour ce programme asiatique, Edouard Cauhaupé est venu aider Nick Adcock et Michael Jensen, deux vrais gentlemen dans le pur esprit du LMP3. La deuxième Ligier JS P320, confiée à Christophe Cresp, Steven Palette et Antoine Doquin, s'est finalisée tardivement. Le trio repart des Emirats Arabes Unis avec la couronne. 

"La deuxième auto a beaucoup aidé", souligne le patron d'équipe. "Finaliser ce programme a donné tellement de stress à tout le monde (il s'arrête de parler, ému). Je ne percute pas, je rêve debout. L'équipe a été tellement bonne avec un vrai ballet à chaque arrêt. Il n'y a pas eu le moindre grain de sable, tout était propre." 

Jean-Noël Le Gall, maître d'oeuvre du programme, était secondé par Franck Larue sur la seconde Ligier. Avant la finale, aucune tension dans l'équipe, juste l'envie de bien faire les choses et advienne que pourra.

"Quand je vois tous les efforts fournis par l'équipe autour de Jean-Noël, je me dis que cela valait le coup", sourit Claude Degremont, toujours très ému. "Le budget n'a pas été simple à réunir, on a tellement galéré et j'espère que cela va ouvrir des portes pour boucler les équipages pour la saison à venir. On va manger des pommes de terre mais tant pis (rires). J'ai eu peur jusqu'au drapeau à damiers car les pilotes ont été obligés d'économiser de l'essence. En venant ici, on s'est dit qu'on pouvait décrocher un podium, mais sept..." 

Le titre est une chose, mais il y a l'invitation pour les 24 Heures du Mans en LMP2. Depuis 2018, CD Sport est dans la voie des stands au Mans mais pour le Road to Le Mans. Cette fois, ce sera dans un stand.

Quand on rappelle le ticket du Mans à Claude Degremont, sa réponse est naturelle : "On est dans la merde, mais c'est positif. Quand tu lances ton équipe, tu penses que tu vas aller aux 24 Heures du Mans un jour. En réalité, ce n'est pas une pensée, mais un rêve (il compte sur ses doigts le nombre de mois avant juin). Le Mans, c'est demain, mais on va tout faire pour réaliser quelque chose de bien. Je ne percute pas encore ce qui nous arrive..."