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Tout ça pour avoir l'heure à son poignet...

Endurance Info
IMSA
31 jan. 2022 • 9:03
par
lmercier
Le final des 24H de Daytona en GTD Pro restera dans les annales avec une lutte à couteaux tirés entre les Porsche de Mathieu Jaminet et Laurens Vanthoor. Les deux ont tout donné (et même plus) mais en sport il y a un seul vainqueur.

On pourrait les prendre pour des bad boys à la sauce Days of Thunder quand Cole Trickle et Rowdy Burns s'écharpaient à Daytona Beach à quelques kilomètres du Speedway. Mathieu Jaminet et Laurens Vanthoor ont mis le feu au final des 24 Heures de Daytona devant des milliers de fans médusés, sauf que là ce n'était pas du cinéma...

 

Cole Trickle et Rowdy Burns, la vidéo

 

Très tôt dans la course, KCMG et Pfaff Motorsports ont croisé le fer pour le leadership du GTD Pro. Deux équipes privées Porsche avec des pilotes officiels dans les deux camps. Sur le papier, Pfaff Motorsports avait l'avantage de la connaissance du championnat et du terrain. Daytona marquait le retour de KCMG sur la scène internationale depuis le début de la pandémie. Avant le départ de cette 60e édition, le seul des sept pilotes à avoir une Rolex à son poignet était Patrick Pilet, vainqueur de l'épreuve en GTLM en 2014.

 

Aux Etats-Unis, encore plus qu'ailleurs, une course n'est gagnée qu'une fois le damier franchi. Mathieu Jaminet (Pfaff) et Laurens Vanthoor (KCMG), loin d'être des perdreaux de six semaines, se connaissent bien, les deux sont pilotes officiels Porsche. Les comparaisons ne s'arrêtent pas là. En 2020, Olsen et Pilet, deux des pilotes KCMG, roulaient chez Pfaff à Daytona. L'année passée, Campbell était chez Pfaff avec Vanthoor en Floride. 

A quelques minutes de l'arrivée, Mathieu Jaminet voyait fondre sur lui Laurens Vanthoor, le plus américain des belges depuis Didier Theys. La Porsche Pfaff semblait plus rapide en ligne droite que la KCMG qui était plus agile dans l'Infield. Les deux pilotes ont joué des coudes avec de petits contacts virils mais propres. 

 

Laurens Vanthoor n'a jamais eu l'intention d'abdiquer, lui qui a déjà son palmarès les 24H du Mans, de Spa, de Dubai et du Nürburgring. Il lui manquait encore Daytona et sa fameuse Rolex. A cinq minutes de la fin, le Belge trouvait l'ouverture sur le Français. De quoi s'assurer la Rolex... C'était sans connaître Mathieu Jaminet qui répliqua dans le tout dernier tour au niveau de la chicane fraîchement baptisée Le Mans. Il lui restait une chance et une seule.

On pense que tout va s'arrêter là car les deux Porsche vont au contact, Jaminet parvient à poursuivre sa route, Vanthoor perd quelques secondes et repart, non sans avoir perdu la 2e place au profit de la Ferrari/Risi Competizione.

 

La direction de course a de suite fait passer le message 'no further action'. Fin de l'histoire. 

 

"J'avais un objectif clair : après mes victoires au Nürburgring, à Spa et au Mans, j'étais déterminé à gagner les 24 heures de Daytona et à compléter le quatuor", a déclaré Laurens Vanthoor à l'arrivée. "J'ai fait tout ce que je pouvais pour y arriver, mais malheureusement, ça n'a pas marché. Je repasserai certainement les scènes des derniers tours dans ma tête pendant longtemps. J'ai pleuré sur le chemin du retour vers la voie des stands : J'ai tout essayé mais je n'ai pas gagné. Les meilleurs ont gagné aujourd'hui. C'était Pfaff Motorsports. Félicitations à mes collègues de l'équipe."

"Le dernier tour était certainement spectaculaire, mais le duel incroyable des deux dernières heures l'était tout autant", a expliqué Mathieu Jaminet. "Je me suis donné à fond sur chaque tour. J'ai vraiment donné tout ce que j'avais. Évidemment, je connais bien Laurens, c'est mon collègue chez Porsche. Je sais combien il est fort. Il a essayé encore et encore, et nos voitures se sont touchées encore et encore. Mais je me suis dit : "Il ne me dépassera pas aujourd'hui ! Dans le dernier tour, nous avons tous les deux fini dans l'herbe. Heureusement, j'ai réussi à éviter un tête-à-queue. Et c'est tout. Le collègue de KCMG avait une voiture légèrement plus rapide, mais grâce à un travail d'équipe parfait et aux excellentes performances de mes coéquipiers, nous nous sommes retrouvés en tête. C'était une belle promotion pour le sport automobile et un début de saison parfait pour nous."

 

A une époque où tout est lisse, on a deux pilotes d'un même constructeur qui se frictionnent sur la piste. Porsche a le mérite d'avoir laissé ses écuries clientes s'exprimer sans donner la moindre consigne d'équipe alors qu'il y avait plus à perdre qu'à gagner pour la marque allemande. C'est ce qu'on appelle de la compétition-client et tous les constructeurs ne peuvent pas en dire autant. 

L'honneur est sauf car on a bien une Porsche qui l'emporte mais imaginez une seconde si les deux Porsche avaient perdu des plumes dans l'aventure. Coucou le revoilou... La victoire serait revenue à ce bon vieux Alessandro Pier Guidi et Ferrari qui n'avaient rien demandé. Une fois de plus, on aurait crié au scandale.

 

Messieurs Jaminet et Vanthoor, vous avez tout donné, vous avez fait vibrer les fans dans ce qu'on appelle du 'close racing' avec un vrai respect mutuel. Un seul des deux est reparti avec la Rolex mais les deux étaient à l'heure à Daytona...

 

 

 

Commentaires (7)

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Math Pzn

31 jan. 2022 • 9:41

??? Pour le texte, et c'est vrai que Porsche a laissé faire et c'est très appréciable en effet, le vrai sport auto. J'en transpire encore de cette fin de course !

PierreBid

31 jan. 2022 • 9:48

Ce fut excellent et c'est de cela que tout le monde a besoin..

GEGE85

31 jan. 2022 • 11:31

Un final grandiose qui conforte l'idée que rien n'est jamais acquis avant le drapeau à damier.
Sans aucun doute une concrète ode à la magnificience du sport automobile !

Surgères

31 jan. 2022 • 11:43

Superbe bataille avec un excellent Jaminet ! Deux grands champions !

Steve McQ

31 jan. 2022 • 11:57

Est-ce que le plus américain des Belges depuis Didier Theys ce ne serait pas plutôt Jan Heylen ? Il a été monstrueux une nouvelle fois dans la 991 du Wright Motorsports.