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Wolfgang Reip et son handicap quotidien...

Divers Auto
23 jan. 2022 • 18:20
par
lmercier
Wolfgang Reip parle publiquement pour la première fois son handicap quotidien qui ne lui laisse aucun répit.

Il y a dix ans, Wolfgang Reip battait 830 000 joueurs pour devenir l'un des lauréats de la Nissan GT Academy. Deux ans plus tard, on le retrouve aux 24H du Mans. En 2015, il remporte les 12H de Bathurst et la couronne Blancpain GT Series (Endurance) pour Nissan avant de passer pilote Bentley l'année suivante. 

 

Depuis 2017, sa carrière internationale est à l'arrêt. Le pilote belge, âgé de 34 ans, donne de ses nouvelles et parle de son handicap quotidien dans un long message posté sur un réseau social dont nous vous livrons le texte intégral  : 

 

Je suis handicapé. C'est la première fois que je décide d'en parler publiquement, cette collecte tombe donc à point nommé. Quand on pense handicap, on pense à un membre en moins, ou une paralysie induite par des troubles neurologiques par accident ou maladie.

 

Mon handicap ne se voit pas, et pourtant il est extrêmement débilitant et a transformé ma vie.

 

Voici une petite liste non exhaustive de ce que je peux plus faire: prendre les transports, aller dans un bar, faire la fête, passer une soirée normale entre amis, écouter de la musique, regarder un film ou une vidéo avec du son, prendre une douche sans protection, cuisiner sans protection, aller faire des courses sans protections, passer une journée en ville, tout ce qui touche de près ou de loin au sport auto réel et virtuel (j'ai plus mis un pied sur un circuit depuis 2 ans, que ce soit karting ou voiture), prendre innocemment la voiture pour quelques heures de route, me balader dans un parc sans être potentiellement attaqué de toute part, discuter à voix normale sans chuchoter, travailler autrement qu'à distance et sans réunions vocales etc etc...

 

Qu'est-ce donc? Et bien je souffre d'hyperacousie sévère et d'acouphènes invalidants suite à plusieurs traumas sonores au cours de ma carrière de pilote. Le premier est arrivé en 2014, mais c'était léger, et j'ai continué à avoir une vie normale et à piloter, mais ça devenait de pire en pire, et depuis 2 ans c'est la chute libre.

 

C'est une pathologie rare et peu connue, d'où le manque de fonds et de recherche sur le sujet.

En très gros, c'est le cerveau qui est déréglé et ne traite plus les sons correctement et il crée des inflammations au niveau de l'oreille et des nerfs adjacents. C'est un problème complexe parce que plusieurs zones du cerveau sont impliquées. Ce n'est pas clair si il y a des lésions au niveau de l'oreille ou pas. Le résultat c'est que le son me fait mal aux oreilles, littéralement. Je sais c'est difficile à s'imaginer, mais c'est comme ça, si qqun me parle à voix normale pendant un certain temps, je vais avoir une réponse flight or fight de mon corps très désagréable et mes oreilles vont commencer à brûler, et plus elles brûlent, plus le niveau de tolérance diminue. Avec les sons soudains hautes fréquences c'est encore bien pire, pensez à tous les bruits de vaisselles, ou de claquements, d'entrechocs etc... En fonction de l'intensité, ces sons là peuvent aggraver durablement mon cas.

 

Et en plus de ça j'ai des acouphènes très forts, pas de ceux qu'on entend juste dans le silence, rien que je ne supporte ne peut les masquer, et ils augmentent lorsque je m'expose à du son (quel qu'il soit).

Cela ne fait que quelques années que la science s'intéresse au sujet. Historiquement les hyperacousiques sévères étaient pris pour des fous ou des phobiques, fallait donc les exposer au bruit pour qu'il n'ai plus peur, sauf que ça fait exactement l'effet inverse. Cette vision est encore très présente auprès des ORL et audiologistes, mais les récentes études montrent bien que ça n'a rien à voir.

Je lance cette collecte pour soutenir la recherche, et parce que j'espère, je suis confiant, que d'ici 10-15 ans (enfin plus tôt j'espère) on aura compris comment traiter efficacement et complètement cette pathologie.

 

Au-delà de la pathologie elle-même, elle a un énorme impacte psychologique vu qu'en gros, la plupart des choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue ne sont plus possibles, on est plus que l'ombre de ce qu'on était.

 

Il y a un moyen de prévention très simple, protégez vos oreilles... Une fois qu'elles sont foutues, il n'y a pas de machine arrière. Alors oui, la plupart perdrons un peu d'audition, rien de dramatique, d'autres auront juste des acouphènes ou des acouphènes avec une légère hyperacousie, et enfin, pour une minorité, on tombera dans mon cas, et ça, je ne le souhaite à personne, mais personne n'est à l'abri, on ne sait pas dans quel cas on tombera avant qu'il ne soit trop tard.

 

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Commentaires (1)

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Kirius

10 jan. 2023 • 0:33

"Historiquement les hyperacousiques sévères étaient pris pour des fous ou des phobiques, fallait donc les exposer au bruit pour qu'il n'ai plus peur, sauf que ça fait exactement l'effet inverse. Cette vision est encore très présente auprès des ORL et audiologistes, mais les récentes études montrent bien que ça n'a rien à voir."

Bravo pour cette explication ! C'est exactement cela.