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Stéphane Ratel : "Il est urgent de ne pas se précipiter"

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GT World Challenge Europe
12 aoû. 2020 • 16:03
par
lm@endurance-info.com

L'attente du début de la saison GT World Challenge Europe Powered by AWS 2020 a été longue. De mi-mars à Monza, on est passé à fin juillet, soit le week-end initial des Total 24 Heures de Spa. Deux meetings ont été disputés, un en Endurance à Imola, un en Sprint à Misano. Stéphane Ratel, président-fondateur de SRO Motorsports Group, a fait le point pour Endurance-Info sur le début de saison, la situation actuelle et l'avenir.

Content que cette période sans compétition soit terminée ?

"La fin de l'été s'annonce studieuse. Après Misano le week-end dernier, le British GT se rend à Donington en fin de semaine, le FFSA GT sera à Nogaro une semaine plus tard et j'espère pouvoir aller aux Etats-Unis à Road America. Ensuite, ce sera la reprise de l'Endurance au Nürburgring. Nous avons passé cinq mois sans la moindre compétition."

Les deux premiers meetings ont répondu à vos attentes ?

"Tout le monde a bien vu qu'Imola a été remarquable. Réunir une telle grille par les temps qui courent est exceptionnel. Le niveau est stratosphérique. Je ne vois pas un autre championnat avec autant de voitures qui peuvent gagner. J'espère que les passionnés de sport auto apprécient la série à sa juste valeur. Misano a aussi été très relevé et j'avoue que c'est un plaisir de voir Bentley et Lexus en Sprint. Depuis quelques années, Audi, Mercedes et Lamborghini étaient les marques les plus représentées. C'est toujours le cas, mais il y a plus de diversité."

La diminution de la grille a été contenue...

"On a perdu les mêmes 11 GT3 dans les deux championnats, mais cela se voit plus sur un plateau Sprint. Passer de 33 à 23 fait un trou. Les Aston Martin/R-Motorsport manquent."

Les GT2 pouvaient rouler en Sprint à Misano, mais aucune auto n'était présente. Une déception ?

"J'ai appris que, dans ce métier, il fallait être patient. Je reste persuadé que les GT2 offrent une belle équation entre le coût de fonctionnement, la performance et le look. Pour être totalement honnête, je n'ai pas trop compté sur le fait que ça fonctionne de la sorte cette année. Quand on a décidé d'abandonner le GT Sports Club, cette solution de mettre les GT2 en Sprint était une mesure de dernière minute. Cette clientèle ne veut pas forcément se mélanger car c'est intimidant de rouler au sein de ce championnat Sprint. Nous avons aussi essayé de mettre les Am, mais aucune n'était sur la grille à Misano. Le concept du GT Sports Club qui offre une grille dédiée fonctionne et c'est ce qu'on a vendu aux gentlemen. Avec la situation, la greffe n'a pas pris. Les GT2 vont donc rouler cette année dans le cadre des journées Curbstone (journées de roulage, ndlr) avec le Curbstone Challenge. Le développement de la catégorie va se faire sur du track day. On réfléchit à une plateforme encore plus tournée vers les Am. La question est de savoir comment ramener les Am dans un environnement SRO ? "

La situation sanitaire actuelle fait que les voyages sont compliqués. C'est aussi ce qui pose quelques soucis ?

"C'est magnifique de voir K-PAX Racing venir des Etats-Unis avec sa propre équipe. Ryuichiro Tomita arrive du Japon, nous avons des Russes, etc... Les avoir n'est pas simple. Pour eux, c'est un métier, pas un passe-temps. Il faut noter que c'est en GT Sports Club que nous avions des pilotes qui venaient du monde entier."

Les Total 24 Heures de Spa approchent à grands pas. On sait déjà que Le Mans se déroulera à huis clos. Qu'en est-il de Spa ?

"Il semble que ces derniers jours, la courbe croissante de l'épidémie s'est arrêtée en Belgique. A notre niveau, il est urgent de ne rien faire. Nous n'avons pas de grandes installations à monter et c'est évident qu'il n'y aura pas de concert. Nous n'avons pas de raison de décider quoi que ce soit avant début octobre. Nous ferons en fonction des décisions gouvernementales. Il faut aussi être réaliste et se dire que ce sera compliqué d'accueillir du public comme on le souhaiterait. La Formule 1 sera à Spa sous peu, alors on verra comment se passent les choses."

Les 8 Heures d'Indianapolis sont programmées début octobre. La confiance est de mise pour la tenue du meeting ?

"On travaille dur pour maintenir l'événement. Notre politique est que tant qu'un événement n'est pas annulé, on travaille le dossier. Le concept de l'Intercontinental GT Challenge est de s'appuyer sur des teams locaux, il y a donc peu d'autos à envoyer. On voit en IMSA et GT World Challenge America Powered by AWS que les pilotes peuvent se déplacer. Tant que c'est possible, nous maintenons la course sachant qu'on ne fera pas une course avec 10 autos. Il faut avoir la confirmation des équipes très rapidement et notre équipe travaille avec les constructeurs et les écuries dans ce sens. On parle de quelques autos venant d'Europe. La grille sera essentiellement américaine. Il n'y a pas de bataille sans combattant. "

Quid du GT World Challenge Asia Powered by AWS ?

"C'est la même chose, on recule de mois en mois. Actuellement, on ne peut pas aller en Chine, au Japon, en Malaisie et en Thaïlande. On reconstruit donc notre calendrier avec une dernière tentative de trois meetings en novembre et décembre. Si on ne peut pas y arriver, alors on renoncera."

Difficile de faire des prévisions...

"Aujourd'hui, le problème est qu'on n'a aucune éclaircie à l'horizon. Quand j'ai repoussé les Total 24 Heures de Spa à fin octobre, j'avais grand espoir que tout irait bien d'ici là."

Les championnats nationaux se portent plutôt bien...

"Le FFSA GT s'annonce très bien, le plateau ADAC GT Masters (même si ce n'est pas un championnat SRO, ndlr) est bon. Le British GT a pris une grosse claque en passant de 36 autos à 22. La perspective d'une deuxième année compliquée ne réjouit personne. Nous allons proposer un premier calendrier pour 2021 et nous verrons ensuite pour l'aménager."

Vous restez optimiste pour les plateaux 2021 ?

"L'arrivée de la crise a eu lieu au moment des essais officiels GT World Challenge Europe Powered by AWS au Paul Ricard. Les contrats avec les partenaires et les équipes étaient déjà finalisés. Qu'en sera-t-il pour 2021 ? C'est une grande inconnue. Le fait de ne pas avoir de public et d'hospitalités aura des conséquences."

On connaîtra les calendriers 2021 sous peu ?

"Peut-être au Nürburgring début septembre ou un peu plus tard. Il est urgent de ne pas se précipiter. Annoncer le tout à Spa est une possibilité."

La situation actuelle peut retarder l'arrivée des nouvelles GT3 ?

"Je suis sûr qu'elles vont arriver car des constructeurs travaillent. La grosse question reste le coût. Il faut des autos où l'aspect commercial est plus important que le marketing. On peut penser que la première option va prévaloir. Cependant, quand on entend parler de DTM avec des GT3, il y a de quoi s'inquiéter. Le GT3 tient car c'est de la compétition-client. Il faut vendre des autos pour financer la promotion. Il y a quelques épreuves comme Spa et le Nürburgring où les constructeurs investissent en marketing une partie de ce qui a été gagné en commercial. Si on dérive, la balance se déséquilibre. Il n'y a pas la moindre place pour une augmentation des coûts. On est au maximum du maximum. Si le coût de fonctionnement devient supérieur au coût promotionnel, tout se casse le figure."

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