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Norman Nato (Rebellion Racing) : "Il ne suffit pas de piloter et d'aller vite"

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WEC
31 aoû. 2019 • 8:35
par
David BRISTOL

L'un des faits marquants de cette "intersaison" a été l'arrivée de Norman Nato en WEC. En effet, le Français a été sélectionné par Rebellion Racing pour défendre les couleurs de l'équipe suisse lors de cette saison 2019 / 2020. Nous l'avons rencontré pour faire un point avec lui abordant notamment ses deux dernières courses de 24 heures disputées et son arrivée en LMP1.

Comment se sont passées vos dernières 24 Heures du Mans que vous avez disputées avec RLR Msport (ORECA 07 LMP2) qui découvrait l’épreuve ?

« Ce fut une belle expérience pour moi qui ne disputait que mon 2e Le Mans. C’était aussi ma première fois sur une ORECA 07 car, en 2018, j'étais sur une Dallara P217. J’ai aussi roulé sur ce tracé avec des pneus pluie et des intermédiaires. De plus, l’équipe découvrait Le Mans, mais mes coéquipiers également (John Farano et Arjun Maini, ndlr). Nous n’avions donc pas de réels objectifs de résultat, juste terminer cette course. Ce ne fut malheureusement pas le cas car, à trois heures de l’arrivée, nous avons cassé le moteur. Je suis content de cette expérience, je me suis fait plaisir, j’ai beaucoup appris avec cette auto et dans toutes les conditions de piste. »

Derrière, vous avez enchaîné avec une autre course de 24 heures, celle de Spa…

« Tout à fait et avant j’ai pu participer au Prologue WEC pour le compte de Rebellion Racing. Ce fut une grosse semaine avec ces essais LMP1 avec une présence à Barcelone du lundi au mercredi. J’ai pris un avion et j’ai tout de suite enchaîné sur les 24 Heures de Spa. Il a fallu passer d’une voiture à l’autre tout en restant bien concentré dans les deux cas. J’ai réussi à tout faire et WRT m’a bien aidé à gérer le fait que je n’arrive à Spa que le jeudi, cela m’a permis de faire tout le Prologue dans de bonnes conditions. Je suis ravi car tout s’est bien passé et j’ai même signé chez Rebellion pour la saison WEC. »

Vous avez découvert les 24 Heures de Spa. Qu’en avez-vous pensé ?

« Oui je ne les avais jamais faites et il s’agissait seulement de ma 3e course en GT3. C’est une course différente du Mans, elle est très compliquée physiquement, il faut bien gérer le trafic car il y a plus de 70 voitures en piste, il n’y a pas de tour clair en qualifications, il faut toujours dépasser des concurrents. J’ai abordé cette épreuve sans appréhension, sans me mettre la pression en me disant que je devais faire mieux que les pilotes Audi officiels. J’ai bien aimé en tout cas à part la nuit où nous avons fait deux heures sous safety car, sous des trombes d’eau. J’étais dans la voiture au moment du drapeau rouge et je peux vous assurer que ce n’était pas drôle. Ce fut une bonne décision s’arrêter la course pour la sécurité de tout le monde. Il aurait même fallu l’arrêter un peu plus tôt pour la faire repartir un peu plus tôt. Il y avait à ce moment là trois soucis : le nuit, la pluie et l’aquaplanning. »

Comment s’est passée votre course à Spa ?

« Nous avons eu des conditions de fou, ce fut très compliqué, mais nous avons réussi à aller au bout. J’ai roulé avec Charles Weerts, il n’avait jamais fait une seule course de 24 heures, il a été irréprochable et rapide. Pour ma part, ce fut pareil. J’ai essayé d’être rapide, sans faire d’erreur, tout en augmentant mon rythme au fil de la course. J’ai fait le job, on a ramené la voiture au bout, nous terminons 12e au général, mais un top 10, une 8e place, était faisable sans la Safety Car 10 minutes avant la fin de course. C'est plus que satisfaisant ! »

Vous allez débuter votre première saison en WEC. Comment se sont faits les contacts avec Rebellion Racing ?

« J’ai l’expérience de la monoplace, j’ai fait pas mal de GP2, j’ai été aux portes de la F1 sans y aller pour certaines raisons. Je me suis battu avec la moitié des pilotes qui constitue le plateau de F1. J’ai déjà du vécu, mais quand on arrive en endurance, on ne repart pas de zéro. Cependant, il y a un temps de découverte comme l’an dernier, mais il fallait en même temps que je montre ce que je savais faire. Je savais que j’étais regardé donc l’objectif n°1 était de ne pas faire d’erreur. Je n’ai pas cassé une pièce de la saison, je n’ai pas eu un seul accrochage et la vitesse était là comme je l’ai prouvé à Petit Le Mans où je suis arrivé à la dernière minute et je suis à deux dixièmes de la pole. Tout cela est une accumulation de choses qui m’ont permises d’avoir ce test chez Rebellion. C’est aussi passé par les résultats du début d’année (il reste sur une victoire à Monza en ELMS avec G-Drive Racing, ndlr), mais aussi le choix que j’avais fait de disputer moins d'épreuves, de ne pas signer pour toute une saison, d’avoir la possibilité de monter dans une auto de pointe dans de bonnes conditions et surtout d’être libre pour la 2e partie de l’année 2019 qui marque le début de la saison WEC ! C’était risqué, mais c’était le but. Je savais qu’il y aurait des opportunités en WEC en LMP1 et en LMP2. Il fallait au préalable décrocher ce test car je n’étais pas tout seul sur la liste pour ce test et le baquet. J’ai été sélectionné pour mes résultats, mais aussi mon travail en dehors de la voiture. Il ne suffit pas de piloter et d’aller vite. Ce que recherchaient ORECA et Rebellion, c’était un package de pilotes qui s’entendent bien, qui travaillent sérieusement, pas juste un mec qui sait aller vite. C’est sur ce critère que le choix s’est fait pour le test et pour la place à l’année. »

Quelles sont vos premières sensations au volant d’une LMP1 ?

« C’est une voiture avec beaucoup d’appuis, on le sent vite dans les virages rapides par rapport à une LMP2. Il y a aussi le traction control, un moteur avec 100 chevaux de plus, les pneus sont aussi différents. Ce n’est pas qu’un seul paramètre, c’est un tout ! Au Prologue, je n’ai découvert que 50 % de la voiture. Nous avons fait une journée et demie répartie entre tous les pilotes, je n’ai donc dû faire que 60 tours. Mon but ce week-end sera de repartir avec mes acquis de LMP2 et de les adapter à la LMP1, à une nouvelle équipe, à de nouveaux coéquipiers. Je ne me fais pas de souci sur la vitesse, j’ai déjà montré que j’étais rapide, il ne faut juste pas que je m’affole. Mon but ce week-end est d’apprendre et de ne pas faire d’erreur. Je vais chercher au fil des courses à augmenter mon rythme et être un des hommes les plus rapides de l’équipe et du championnat. »

Quels sont vos objectifs sportifs ? Vous rapprochez de Toyota avec cette nouvelle EoT ? Etre en embuscade derrière eux ?

« Sincèrement, je ne me concentre pas en ce moment sur Toyota, mais sur moi-même. Quand je sentirai que je suis à 100%, je pourrai alors me dire que je peux aller chercher Toyota, tenter ci ou ça. Pour le moment, je ne suis pas dans cette optique là. Bien entendu, je ne suis pas là pour faire de la figuration. Le WEC et la FIA ont fait des efforts pour aider les équipes privées comme la nôtre afin de se battre avec les constructeurs. Donc, si à un moment, on peut profiter de cet avantage-là, on ne va pas se gêner. »

Norman Nato s'est très vite adapté à sa nouvelle monture. Ce vendredi, lors de la première séance d'essais libres, il a tout simplement réalisé le meilleur temps ! Voici d'ailleurs la caméra embarquée lors de la réalisation de son chrono...

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