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"J'ai dévalé le Corkscrew en Porsche !"

Intercontinental GT Challenge
30 mar. 2019 • 8:00
par
laurentchauveau

Lorsque Shelby Blackstock, ex-pilote Indy Lights et désormais pilote Honda en TCR, te demande « Are you ready ? » tu lui réponds oui. Sans hésiter. Surtout lorsque tu es installé à bord d’une Porsche 911 turbo S. Surtout lorsque cette 911 est placée à l’entrée du Turn 11 de Laguna Seca. Invité par Porsche, SRO et Pirelli, me voilà casqué et sanglé, attendant qu’on nous mette le feu vert. « Here we go ! » Ouahhhh, il semble qu’il y ait un moteur dans cette 911 ! Ouch… Le flat-6  turbo nous précipite dans le Turn 11 et immédiatement, je comprends que je ne vais pas avoir le temps de cueillir quelques pâquerettes sur le bord de la route. Shelby doit avoir une course à faire, il est pressé et il envoie du lourd ! Il élargit au max la trajectoire en sortie et la 911 prend les vibreurs extérieurs. Elle nous catapulte dans la ligne droite en cote devant les stands. Et moi qui pensait que le morceau de bravoure de Laguna Seca était le Corkscrew, je comprends vite que l’entrée du Turn 1 est également un truc de fou. On ne voit rien, le sommet de cote nous cache la piste. Shelby s’engage soudainement à gauche. Juste parce qu’il sait. Mais moi, je ne sais pas. Je n’ai pas trop le choix de la trajectoire, calé dans mon baquet passager donc je le suis, contraint et forcé. Ouch, truc de fou !!!

Le Turn 1 passé, Shelby saute brusquement sur les freins alors que l’on ne distingue toujours pas l’entrée du Turn 2, l’épingle à gauche qui passe relativement lentement. Probable que l’on s’en rapproche non ? La 911 se tortille sous l’effort et dérive très franchement de l’arrière lorsque l’on rentre effectivement dans le virage. Cela l’aide franchement à pivoter et nous replace plus vite pour remettre les gaz vers le Turn 3, un droite qui passe assez fort, tout en dérive vers les vibreurs. Mais le Turn 4, toujours un droite assez ouvert, passe encore plus fort. C’est impressionnant ! On rentre dans le Turn 5, un gauche assez ouvert après un solide freinage. Là encore, une jolie dérive nous accompagne puis Shelby remet les gaz. Le flat 6 ne souffre guère dans la solide cote qui suit. En tout cas moi, je trouve que les 540 chevaux font sacrément bien le job ! Waouh !

Le Turn 6 à gauche est un sacré piège avec sa compression en plein milieu. Shelby me glisse que c’est son préféré. Parce que oui, j’oubliais… Pendant que moi, je tente de me caler au mieux sur mes jambes pour encaisser les accélérations longitudinales et latérales, pendant que je tente de reprendre mes esprits après chaque virage pour penser à prendre des photos, Shelby lui, me commente tout ce qu’il fait et la façon dont la voiture réagit, sous-virage en entrée, survirage à la corde, glissade des 4 roues en sortie…. Il commente tout en temps réel ! Je ne dis pas qu’il le fait nonchalamment mais presque !

Une fois passée cette compression qui vous assoit bien au fond du baquet, c’est flat out toujours en montée vers le plus fameux Turn 8 du monde, le Corkscrew. Mais en fait, là encore, comme pour le Turn 1, on ne voit rien venir, on voit juste un bout de vibreur à droite qui marque la corde du léger droite faisant office de Turn 7. Et là, c’est debout sur les freins pour le grand plongeon à gauche suivi immédiatement du droite. Hyper-délicat car la voiture se déleste au sommet de la bosse et pour corser le tout, on ne freine pas tout à fait en ligne droite. Faut doser... Bizarrement, une fois que l’on est dans le « tire-bouchon », c’est presque moins impressionnant que le freinage dans le Turn 7. Car là, changemet de relief obige, on voit désormais parfaitement ou l’on va. On a même une vue panoramique ! Et le virage est tout de même assez lent, surtout le gauche. N’empêche que l’on sent la caisse se tortiller sous l’effort… Si le flat 6 n’avait aucun mal à nous botter le cul dans la montée, je vous laisse imaginer la chute libre dans le toboggan qui nous mène au 9 ! Il faut freiner pour ce virage à gauche qui semble se passer en deux temps puis on rentre fort dans le droit suivant, assez ouvert. Là encore, on file vers les vibreurs extérieurs pour reprendre de la vitesse avant le freinage le plus énergique du circuit pour le Turn 11.

Mon pilote enquille alors un deuxième tour. Je suis moins surpris par les sensations que lors du premier donc je tente d’en profiter au maximum. Je tente aussi de prendre les photos dont j’aurai besoin pour illustrer l’article. Je tente hein… Parce que je suis tellement balancé dans tous les sens que ça fait un peu ce que ça veut. Bon miracle, j’en ai sauvé quelques-unes… Le deuxième passage dans le Turn 1, le deuxième dans le Turn 6, dans le 7, dans le Corkscrew sont toujours aussi bluffants et impressionnants. Je suis en transe ! Malheureusement, ça s’arrête après le 10. On ralentit pour céder la place à un autre chanceux passager. Shelby me demande si j’ai apprécié. Euh, comment te dire ? Apprécié ? Mais quel pied intégral ! On le refait quand ??? Hein ? Mesdames et messieurs de Porsche, SRO et Pirelli, on le refait quand ?

PS : Les pilotes des 8 Heures de Laguna Seca se plaignent globalement d’un manque de grip sur la piste. Punaise, je ne m'en suis pas aperçu. J’ai trouvé qu’elle passait fort moi, la 911 turbo S !

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