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Essai : Stéphane Lémeret teste la Nissan GT-R Track Edition

Essai
27 juil. 2020 • 8:00
par
lm@endurance-info.com

En lançant la GT-R Track Edition, l’objectif de Nissan est de construire le pont idéal entre une GT-R de base vieillissante dont le prix est juste supérieur à 100.000 € et la GT-R Nismo dont le tarif au-delà des 200.000 peut en refroidir plus d’un. La GT-R Track Edition remplit-elle son contrat ? 

Dans la gamme GT-R, Nissan positionne la Track Edition au-dessus des Premium, Black et Gentleman Edition, mais en-dessous, donc, de la très radicale GT-R Nismo. Bien que la puissance du 3,8 litres V6 bi-turbo soit celle de base (570ch), les options disponibles sur la version Track Edition permettent néanmoins de se rapprocher du graal de la GT-R de route : celle préparée spécialement par Nissan Motorsports et ses 600 chevaux.

Notre exemplaire d’essai était équipé des sièges baquets Recaro en carbone (plus légers de 16,3 kg et facturés 10.000€), du coffre, de l’aileron arrière et du toit en carbone (3.000€), ainsi que des freins carbone-céramique Brembo (12.250€) dont la dimension rivalise grandement avec des freins de voiture de course : 410 x 38 mm à l’avant pour 390 x 32 mm à l’arrière ! Bref, il suffit d’observer cette GT-R Track Edition pour comprendre qu’on ne va pas passer un moment banal avec elle ! 

Pas à rougir

À 118.000€ (sans les options citées plus haut qui font grimper la note à 143.250€ !), la GT-R Track Edition pourrait presque passer pour la supercar du « pauvre » (tout étant toujours relatif dans ce monde !). Pourtant, la finition ne souffre d’aucun défaut. Tout est bien pensé, les cuirs sont de bonne qualité, il n’y a pas de plastiques apparents, les commandes sont bien positionnées... On en a vraiment pour son argent. Bon, il est temps d’aller rouler maintenant.

Brute… comme un diamant ? 

Bonne nouvelle : les dossiers des sièges sont réglables, ce qui permet de trouver facilement une excellente position de conduite.

De série, la version Track Edition est montée de pneus semi-slicks Dunlop SP Sport Maxx de 255/40 ZRF 20 à l’avant et 285/35 ZRF 20 à l’arrière. Ces larges gommes recouvrent les jantes Nismo ultralégères en alu forgé. Autre point commun avec la Nismo : le système d’amortissement aux ressorts Bilstein, bien plus fermes que ceux de la GT-R de base. D’ailleurs, dès les premiers mètres, après avoir poussé sur le bouton rouge Start/Stop, on se rend compte que cette voiture née pour la route a été taillée pour le circuit. En mode Confort ou non, quel tape-cul sur la route ! 

Sur le marché, cette GT-R est aussi une des plus bruyantes à tous niveaux : on sent le différentiel mécanique travailler, on entend la transmission, le souffle des turbos, le moindre petit gravillon qui se perd dans les passages de roues... On est loin du cocon d’une 911 Turbo S ! Mais c’est ce qui fait son charme et surtout, ce qui permet de ne faire qu’un avec cette GT-R une fois qu’on passe à l’attaque…

Des caractères bien distincts 

Heureusement (vu les pneus très peu taillés), tout mon essai s’est déroulé sur le sec. Quel grip mécanique ! Et quelle poussée à l’accélération grâce à la transmission intégrale ! Le 0 à 100 km/h n’est pas communiqué officiellement mais le chiffre de 2,7 secondes seulement (2,6 secondes pour la Nismo) circule. Il y a intérêt à être bien préparé pour utiliser le « launch control » car la première fois, votre cerveau ne comprend pas trop ce qui lui arrive !

Le châssis aussi est dingue et la répartition des masses de 54/46 (moteur à l’avant et boîte juste devant le train arrière) explique l’excellent équilibre en virage. Il faut juste se méfier des bosses une fois en appui à haute vitesse (surtout avec l’amortissement placé sur « R », le mode Sport).

En poussant l’auto dans ses retranchements, elle se révèle légèrement sous-vireuse. Même si seulement 50% du couple peut être envoyés sur les roues avant, la GT-R Track Edition n’est donc pas une reine du drift : elle préfère l’efficacité au spectacle, et ce quel que soit le mode utilisé (même ESP off).

Côté freinage, rien à redire : c’est très efficace, mordant, et les disques en carbone-céramique n’ont, à aucun moment, été désagréables à vivre : pas de bruits suspects ou encore de grosses différences de sensations dans la pédale de freins. 

Le seul défaut de cette voiture se trouve peut-être du côté de la boîte séquentielle à 6 rapports qui commence à vieillir face à la concurrence : elle se montre très peu réactive en mode « Save » (normal, pour économiser du jus), peu réactive en mode « Normal » (le couple de 637 Nm du V6 bi-turbo s’occupe de tout !) mais heureusement très réactive en Mode « R ». En enclenchant celui-ci, la sonorité du V6 et les pétarades au rétrogradage vous emmènent clairement dans l’univers de la compétition. 

Dernier mot sur l’application qui permet de se chronométrer sur circuit lors des track-days, qui conviendront très bien à cette GT-R Track Edition : elle est super simple à utiliser, grâce au bouton Start/Stop qu’on trouve du bout du pouce droit sur le volant. 

Très sincèrement, avec toutes les options, cette GT-R Track Edition n’a pas grand-chose à envier à la GT-R Nismo. Pourtant, cette dernière coûte 210.000 € de base contre 143.250 € pour ce monstre dont j’ai eu beaucoup de mal à me séparer.

Cette version Track Edition fait donc plus que remplir son contrat !

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