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David Price (part 2) : "Avec Derek Bell, on se dit que nous aurions dû gagner les 24 Heures du Mans 1995 !"

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13 jan. 2021 • 14:07
par
David Bristol
Suite de notre entretien avec un grand monsieur, David Price, qui a travaillé pour les plus grands : Richard Lloyd, Peter Sauber, Don Panoz ou encore McLaren (via John Nielsen). Après ses premiers pas en endurance avec Richard Lloyd Racing (Porsche 962 C) en 1987, il remporte les 24 Heures du Mans avec Sauber Mercedes en 1989 puis part chez Nissan l'année suivante. Cependant, l'aventure est de courte durée (un an). Il part alors en Formule 1 chez Brabham et, là aussi, l'aventure ne dure qu'une seule saison. Il continue alors avec son atelier de composites dans lequel les coques des Sauber Groupe C et de F1 sont construites jusqu'en 1994.Comme David Price nous l'a précisé dans la première partie, après la F1, il ne fait plus de sport automobile avant 1995 et un certain coup de fil. « John Nielsen, que je connaissais depuis l’époque de la Formule 3, m’a un jour appelé pour savoir si j'étais intéressé pour faire rouler des McLaren pour le compte de Thomas Bscher (West Competition). J’avais du temps devant moi, je m’ennuyais un peu pour être honnête (rires). J’ai donc accepté et, après deux ou trois courses en BPR Global GT Series en 1995, McLaren m'a demandé si je serais d'accord pour faire courir une autre F1 GTR pour Harrod's. Il est plus intéressant financièrement d'engager deux autos qu’une seule ! J’ai donc dit 'oui' et nous avons fait une belle saison en remportant le titre BPR avec Bscher / Nielsen. »
Deux McLaren F1 GTR sont alignées pour les 24 Heures du Mans 1995. Sur la première (#49 West Competition), on retrouve le duo évoluant en BPR, Thomas Bscher / John Nielsen, accompagné du vainqueur de l'édition 1989, Jochen Mass (il s'agira de sa dernière participation). Sur la seconde (#51 Mach One Racing), aux couleurs Harrod's, Andy Wallace, Derek Bell et Justin Bell se relaient. Si la première citée ne voit pas l'arrivée, abandon à la 13e heure sur souci d'embrayage, la #51 se distingue dans cette édition très humide...
« Cette année là, nous aurions dû gagner, mais cela ne s’est pas produit. Chaque fois que je vois Derek Bell, il me dit : « Oh, nous aurions dû la gagner celle là ! »
En effet les trois pilotes croient longtemps que la victoire est au bout. L'auto pointe en tête à la 2e heure, puis retrouve le commandement pendant cinq heures à la fin de la nuit avant de pointer en tète de 11 h à 14 h. David Price raconte la suite : « A seulement 3 heures de la fin, aux alentours de 13 heures, nous avons eu un souci de transmission. Pour être honnête, nous avions déjà perdu pas mal de temps pendant la nuit alors qu’il pleuvait comparé à JJ (Lehto sur la McLaren F1 GTR #59), il était tellement rapide sous la pluie. Mais c’est Le Mans, il y a de bons moments et puis de moins bons. » Au final, le trio de la #51, suite à ses problèmes de sélecteurs de boite de vitesses, est rejeté à la 2e puis à la 3e place suite au retour de la Courage C34 #13 de Courage Compétition pilotée par Bob Wollek, Eric Hélary et Mario Andretti.
West Competition et Harrod's Mac One Racing remettent cela l'année suivante aussi bien en BPR qu'aux 24 Heures du Mans. Alors que David Price a remporté les 24 Heures du Mans 1989, l'édition 1996 reste cependant sa plus belle, il s'en explique : « Mon meilleur souvenir aux 24 Heures du Mans ? Je dirais 1996 et non 1995 lorsque nous avons failli gagner. Cette année là, nous terminons 4e (Peter Kox / John Nielsen / Thomas Bscher, McLaren F1 GTR #30) et 6e (Olivier Grouillard, Derek Bell, Andy Wallace #29). Au milieu de la nuit, nous étions 25e et 30e je crois. Nous n’avons rien lâché et avons remonté place après place pour finalement amener les deux voitures dans le top 6. C’était, personnellement, un peu comme une victoire. C’est vrai que c’est sympa de gagner au général comme ce fut le cas avec Sauber Mercedes, mais ce fut un bel exploit en 1996. En 1989, cela faisait partie d’un processus d'un grand constructeur, nous avions 100 personnes. Même chose avec Nissan en 1990 où nous engagions neuf voitures et avions 350 personnes ! Cette année là, j’étais en charge des neuf autos, un travail de dingue ! »  
L'année 1996 se poursuit en BPR. « Nous avons remis cela en BPR 1996 et je crois qu’Harrod’s a stoppé après la manche de Brands Hatch si je me souviens bien. En tout cas, nous n’avons pas fini la saison. Je ne sais d’ailleurs toujours pas pourquoi, je pense qu’il y a eu des querelles familiales. » 
Avec deux victoires à Monza et au Nürburgring, l'équipe West Competition termine bien classée au championnat avec le duo Thomas Bscher et Peter Kox. Dans la vidéo ci-dessous, retrouvez justement la McLaren F1 GTR #1 en Allemagne lors de sa victoire en BPR Global GT Series. On la voit au prise avec la McLaren F1 Harrod's !
Après la page McLaren, David Price Racing devient ensuite l'équipe officielle européenne de Panoz en 1997 en faisant courir ses Esperante GTR-1 dans le nouveau championnat FIA GT et en soutenant la structure aux États-Unis. « Adrian Reynard nous a demandés de faire le châssis pour la Panoz et nous avons accepté. Un jour en 1996, Don Panoz a débarqué à l’usine pour voir les châssis, c’était la première fois que je le rencontrais. Juste à coté des châssis Panoz se trouvait l’atelier avec nos McLaren. Lorsqu’il les a vues, il m’a dit : « pourquoi, vous ne feriez pas rouler les Panoz sous votre propre nom ? » Je lui ai dit 'non', que j’étais satisfait de mes McLaren F1 GTR, mais Don était insistant. Après la manche de Brands Hatch 1996 (et suite au retrait d'Harrod's), j’ai pris l’avion pour Atlanta pour le lancement de la Panoz. Au début, il voulait les vendre, je n’avais pas l’intention d’en acheter, puis il les a finalement confiées à des équipes. La première année, j’ai fait rouler en Europe ses voitures en championnat FIA GT, mais j’étais aussi en soutien de l’équipe officielle qui roulait en IMSA. 1997 a été une année assez difficile.» Deux Panoz Esperante GTR1 sont alignées aux 24 Heures du Mans. La #54 est confiée à Butch Leitzinger, James Weaver et Andy Wallace et la #55 à Doc Bundy, David Brabham et Perry McCarthy. La première abandonne à la 19e heure suite à un souci moteur et la seconde, après 12 heures, sur incendie. De plus, elles avaient été dominées lors des essais par l'autre Panoz GT1, la #52 alignée par Dams (Jean-Christophe Boullion, Eric Bernard, Franck Lagorce). Adoptées par le public de par son look, les "Batmobiles" avaient flirté avec la 10e place en course avant leurs soucis.
En 1998, David Price Racing est en charge de la première voiture hybride qui a tenté de se qualifier au Mans, la Panoz GTR-1 Q9 Hybride. Mais, bien que pilotée par James Weaver, Perry McCarthy et Johnny O'Connell, elle n'arrive pas à se qualifier pour la grande course. « L’année suivante, nous avons construit la Panoz GTR1 Hybrid, ce qui représentait un gros travail avec cette nouvelle technologie. Maintenant, plusieurs équipes ont l’hybride, comme Toyota, mais, à l’époque, nous étions les tout premiers. Au Mans, nous n’avons pas réussi à nous qualifier lors des Préqualifications ce qui n’était pas surprenant puisque nous n’avions fait rouler la voiture que la veille ! Nous l’avons ramenée aux USA, avons procédé à des essais, apporté des modifications et sommes allés à Petit Le Mans. Nous avons terminé 12e de l'épreuve et 2e de la catégorie  LMGT1 (John Nielsen, Doc Bundy, Christophe Tinseau), ce fut un moment vraiment particulier. »
Dans la vidéo ci-dessous, Don Panoz revient sur cette Panoz Esperante GTR-1 Q9 Hybrid.
&feature=emb_titleDavid Price a bien connu Don Panoz (qui nous a quittés en septembre 2018). Il nous décrit un homme passionné, mais pas toujours évident. « Il est devenu un de mes bons amis, mais il n’était pas facile. Il a donné un coup de boost à la compétition aux Etats Unis, il a investi beaucoup d’argent en American Le Mans Series et, sans lui, cela n’aurait pas existé. Il n’était pas un homme facile, nous avons été proches par moments et puis on ne se parlait plus pendant un temps. Cela dépendait aussi des périodes où l’on travaillait ensemble. Je suis, par exemple, parti en 1997 et revenu vers lui en 1999 pour faire rouler la Panoz LMP Roadster. »
Pour la fin, il faudra attendre demain :) 

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