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« Un oiseau vient de s'écraser sur le pare-brise ! » Hurley Haywood raconte sa première victoire aux 24 H. de Daytona

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25 jan. 2023 • 15:30
Légende de l'Endurance avec cinq victoires aux 24 Heures de Daytona et trois aux 24 Heures du Mans, l'Américain se souvient de son étonnante victoire sur le double tour d'horloge floridien, il y a 50 ans.
© Courtesy of ISC Archives

Aux yeux de Hurley Haywood, sa troisième tentative aux 24 Heures de Daytona a une signification bien spéciale, elle qui a contribué à lancer une carrière prolifique sur circuit qui a durée des décennies. Cinquante ans après son succès éclatant sur le double tour d'horloge floridien en 1973, l'Américain de 74 ans garde un souvenir ému de cette édition au volant de la Porsche Carrera n°59 de Brumos Racing, en compagnie du propriétaire de l'équipe - Peter Gregg - un concessionnaire Porsche de Jacksonville (Floride) devenu un ami proche.

 

« Nous n'avons jamais pensé qu'il nous était possible de nous imposer au classement général », reconnaît Haywood. Pourquoi ? Car la Carrera comportait tellement de pièces d'usine atypiques qu'elle était considérée comme un prototype. « Toutes les bases de cette voiture - le moteur, la suspension, la boîte de vitesses, les freins - provenaient toutes d'une Porsche RSR classique, enchaîne le recordman de victoires sur cette épreuve avec Scott Pruett. Porsche voulait tester tous ces éléments pour s'assurer qu'ils fonctionnaient correctement, mais ils ne pouvaient pas les faire homologuer pour les faire courir en GT. »

 

L'usine Porsche a envoyé l'une de ses voitures à Gregg et une voiture identique à Roger Penske pour participer à l'épreuve. « Comme Brumos en avait l'habitude, lorsque nous avons reçu la voiture, nous avons tout passé en revue pour nous assurer que tout était bien fixé et que tout était à sa place, se remémore l'intéressé. L'équipe a découvert que les boulons du volant étaient desserrés et Peter a appelé Roger pour lui dire qu'il devait vérifier cela. Roger pensait que Peter se moquait de lui et son équipe a décidé de pas le faire... ce qui les a mis hors course. »

© Courtesy of ISC Archives

Lorsque la voiture couvée par Penske et pilotée par le duo Mark Donohue-George Follmer a été contrainte à l'abandon, les ingénieurs de Porsche son tous venus envahir la zone des stands de la n°59, y compris l'ingénieur en chef de Porsche : Norbert Singer.

 

Alors que d'autres équipes débarquent avec de grosses hospitalités et engagent des vigiles pour contrôler les allers et venues, Haywood et Gregg dorment dans la remorque de leur voiture et mangent des hamburgers dans des fast-food. Pour l'anecdote, cette année-là, Haywood est resté au volant pendant plus de la moitié de la course.

 

« C'était amusant car je n'avais que 23 ans et ne courais que depuis deux ans, lâche-t-il. Subitement, je me suis retrouvé à Daytona dans une voiture d'usine à ferrailler avec Mark Donohue et George Follmer. Et nous suivions à peu près leur rythme ! Ça a accéléré mon processus d'apprentissage, ce fût passionnant. Je me souviens que pendant la nuit, j'ai couru contre George et Mark, ce qui a grandement contribué à accroître ma confiance en moi. » 

 

Mais alors que le soleil pointait le bout de son nez et que Haywood évoluait à environ 175 mph (env. 280 km/h. Ndlr), ce dernier a senti une secousse inattendue. « Une grosse mouette est venue s'écraser sur le pare-brise, souligne le triple vainqueur des 24 Heures du Mans. La moitié de son corps s'est retrouvée dans le cockpit et l'autre moitié à l'extérieur. Mais le pare-brise n'est pas tombé. »

© Courtesy of ISC Archives

Haywood n'a pas paniqué et a alors contacté par radio son équipe pour expliquer ce qui s'était passé. « Je leur ai dit : ''Devinez quoi les gars ? Un oiseau vient de s'écraser sur le pare-brise". Et eux de me répondre : "Reste en piste aussi longtemps que possible. Ne rentre que si le pare-brise tombe." Cela leur a permis de trouver un pare-brise de rechange. Une fois trouvé, ils m'ont fait entrer et l'ont changé très rapidement. »

 

Haywood, qui a remporté 13 victoires en carrière sur le Daytona International Speedway toutes disciplines et catégories confondues, se souvient que leurs adversaires de l'époque avaient clamé que la victoire du Brumos Racing de "coup de chance". Reste que quelques semaines plus tard, la n°59 remportait également les 12 Heures de Sebring. La carrière de Haywood était lancée...

 

« Cette victoire en 1973, conjuguée à celle glanée à Sebring dans la foulée, ont changé le cours de ma carrière car elles ont attiré l'attention de Porsche, avoue Haywood. Après ces courses, Peter m'a confié à la Porsche 917/10, une voiture répondant à la réglemntation Can-Am. J'ai participé à la course Can-Am en 1973 et j'ai terminé troisième derrière Donohue et Follmer. C'est ce qui m'a permis d'intégrer la maison Porsche. La 917/10 était une voiture compliquée à manier. Après ma troisième victoire aux 24 Heures de Daytona, Porsche m'a demandé de participer aux 24 Heures du Mans avec l'équipe d'usine. Ça m'a permis de commencer avec Porsche et de me forger un CV dont je suis assez fier. »

 

Et il a des raisons de l'être !

Commentaires (2)

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sergebellamy

2 fév. 2023 • 7:43

Ce genre de pilotes force le respect...Et ces anecdotes sont la base des légendes de la course automobile...J'ai adoré suivre la carrière de Hurley Haywood.Un pilote attachant,comme l'était son mentor Peter Gregg,malheureusement disparu trop vite de triste façon...Daytona 1973 : Se battre contre des légendes comme Mark Donohue,George Follmer et le déjà célèbre team Penske, et les vaincre,a démontré la classe et la valeur de nos deux compères américains de Brumos.

Pierre V.

5 fév. 2023 • 23:37

... Ce qui nous renvoie à un excellent documentaire sur Hurley Haywood sorti l'an dernier, produit par... Patrick Dempsey ; pour en savoir plus, cet article paru dans... Endurance Info !
https://www.endurance-info.com/auto/article/84964-video-la-bande-annonce-du-documentaire-hurley