Le Mans

Philippe Haezebrouck et Le Mans 2001 : "Dans quelle galère je me suis fourré ?"

24 Heures du Mans
1 juin. 2022 • 14:00
par
lmercier
L'édition 2001 des 24 Heures du Mans est restée dans les mémoires comme une course pluvieuse. C'est aussi cette année-là que Philippe Haezebrouck a découvert Le Mans en compagnie d'un certain Romain Dumas. Le Rémois a remonté le temps pour Endurance-Info...
Photo : DPPI

En 2001, terminer aux portes du top 5 des 24 Heures du Mans avec une Porsche 911 GT3 RS était encore possible. Il y a 21 ans, la meilleure GT terminait à un tour de la LMP675 victorieuse. Inconcevable aujourd'hui !

 

Parmi les GT de pointe se trouvait la Porsche 911 GT3 RS/Freisinger Motorsport confiée à Romain Dumas, Philippe Haezebrouck et Gunnar Jeannette. Au début des années 2000, le team dirigé par Manfred Freisinger faisait office d'épouvantail en GT. Deux ans plus tard, son équipe remportait les 24H de Spa devant les monstrueuses GT1. 

 

Sur le trio de la Porsche #77, deux rookies : Romain Dumas, Philippe Haezebrouck. Seul Gunnar Jeannette avait pris part à l'épreuve un an plus tôt. 

 

A lire : Romain Dumas et ses débuts au Mans : "Freisinger a confondu Dumas et Dumez" 

 

Les deux pilotes français ont débuté leur carrière au Mans un peu par hasard. Philippe Haezebrouck garde un souvenir particulier de ses débuts au Mans, lui qui à 67 ans vient de disputer les 24H du Nürburgring sur une BMW M2 CS Racing. Le Rémois compte six départs aux 24H du Mans entre 2001 et 2020. 

 

"Romain Dumas m'appelle et me dit : 'tu veux rouler au Mans ?' ", se souvient Philippe Haezebrouck. "C'est comme si tu demandes à un non-voyant s'il veut voir. C'était seulement 15 jours avant l'épreuve. Romain avait été contacté par le regretté Kaneko qui proposait deux baquets. Il me donne les conditions que j'accepte et je me retrouve au Mans sans en savoir plus. J'arrive et c'est là qu'arrive cette affaire où Manfred pensait avoir pris Sébastien Dumez et non Romain Dumas. Je me dis 'mais dans quelle galère je me suis fourré'." 

 

Pour la Porsche #77, les essais débutent plutôt du mauvais pied, comme l'explique  Haezebrouck : "Le premier soir, Gunnar Jeannette sort de la piste dans le dernier tour de la séance. La première réflexion de Manfred est de ne pas réparer et donc de déclarer forfait. Kaneko doit lui expliquer qu'il doit nous dédommager si la voiture est forfait car il n'y a pas de roulage. Une histoire vraiment rocambolesque." 

 

Après des discussions endiablées, changement de programme puisque le team allemand décide de réparer la voiture. "A 4 heures du matin, Freisinger prend la décision de réparer", sourit le Français. "Nous avons donc très peu roulé avant le départ. Les mécaniciens étaient incroyables car la voiture était salement amochée."

 

Ceux qui étaient présents aux 24H du Mans se souviennent certainement d'un début de course très pluvieux avec des sorties de piste à répétition. La Porsche #77 pouvait viser la victoire de catégorie sans une stratégie pneumatique hasardeuse : "Tout se passait pour le mieux jusqu'à ce que Gunnar Jeannette demande à ce qu'on lui mettre des pneus intermédiaires à la place des 'pluie' pour finalement s'arrêter à nouveau quelques tours plus tard pour rechausser les intermédiaires. Au Mans, tu t'arrêtes une fois en plus et t'es hors du coup pour la victoire. Sans cela, la victoire en GT était pour nous.

 

"Cette année-là, j'ai découvert un Manfred Freisinger qui est un drôle de numéro totalement à l'opposé de Kaneko. Je connaissais Romain Dumas par la Formule France. Un mec diablement rapide qui sait te mettre en confiance. Déjà en 2001, il avait un talent incroyable. Pour ma part, je n'avais jamais piloté une telle auto et je ne connaissais personne dans le milieu. C'était vraiment super."

 

En mettant un pied aux 24 Heures du Mans, Philippe Haezebrouck a forcément eu envie de revenir : "Ce n'est pas parce que tu termines Le Mans à la 7e place que l'année suivante, tu vas finir 6e. Ce qui m'a impressionné le plus est le stress que procure cette course. Jamais je n'ai connu cela ailleurs. Au Mans, tu as l'impression d'être le centre de l'univers, ce qui finalement n'est pas le cas. Quand tu roules en GP2, tu dis 'ouais ok je roule en GP2', mais Le Mans c'est quelque chose de différent. En circuit pur, la Nordschleife est au-dessus mais le poids du Mans, c'est autre chose." 

 

Près de vingt ans plus tard, Philippe Haezebrouck a piloté la Porsche 911 RSR au Mans, une auto semblable et différente à la fois : "La philosophie est la même. Avec cette voiture, tu peux tout faire, elle est incroyable. J'ai cherché un baquet cette année mais les prix sont devenus démesurés. Quand une course de 24 heures s'arrête, je suis prêt à repartir pour 24 heures..." 

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