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Pour Patrice Goueslard, la Nordschleife, c'est en Fiat Ducato ou rien...

24H Nürburgring
7 juin. 2021 • 14:33
par
lmercier
Dans sa carrière de pilote, Patrice Goueslard a roulé aux quatre coins du monde avec les résultats que l'on connaît. Cependant, le Normand n'a jamais disputé les 24 Heures du Nürburgring. A-t-il été tenté par l'Eifel ? La réponse est non. A cause de la peur ? La réponse est non. Une prise de risque trop importante ? La réponse est oui.
Patrice Goueslard

La discussion est partie d'un échange hier matin dans le paddock d'Albi où roulait son protégé Paul Evrard. Alain Ferté était lui aussi de la discussion et on s'est vite aperçu que les deux avaient une opinion dissonante sur la vision des 24 Heures du Nürburgring. Pour Alain Ferté, cette course est le kiff absolu. On voulait aussi vous raconter quelques anecdotes de sa part, mais vous connaissez le lascar, lui aussi normand, qui préfère s'exprimer en Off plutôt qu'en On. Malgré cela, on ne désespère pas de le faire changer d'avis. Patrice Goueslard a connu quelques belles frayeurs météorologiques dans sa carrière, mais aucune sur la Nordschleife. Et pour cause...

 

On vous a vu rouler partout, mais pas sur la Nordschleife. Y a-t-il une raison à cela ? 

 

"Sur ce circuit atypique, tu peux arriver à 250 km/h sur un gars qui change de trajectoire au volant de sa petite voiture. Si tu t'envoles avec une GT, tu ne sais comment ça va se terminer. Je n'ai jamais cherché à disputer cette course. Je veux bien prendre des risques, mais je veux que ces risques soient calculés." 

 

Patrice Goueslard avec l'équipe Larbre Compétition de la grande époque, ça aurait eu de la gueule, non ? 

 

"Cette course est la chasse gardée des constructeurs, principalement allemands. Ce n'est pas fait pour une équipe privée. Avec Larbre Compétition, nous avons préféré Daytona et Suzuka pour ne citer que ces deux courses. Le Mans est aussi une guerre de constructeurs, mais c'est Le Mans." 

 

Des risques calculés

 

Selon vous, une course de 24 heures doit impérativement durer 24 heures ? 

 

"Certaines fois, c'est compliqué pour un pilote de suivre le rythme d'un safety car. Un pilote professionnel va toujours se démerder, mais c'est moins sûr pour un Am. Le Am va vouloir suivre le rythme, ce qui peut le pousser à aller au-delà de ses limites. A un moment, l'erreur va arriver. Personnellement, le drapeau rouge ne me gêne pas. Il faut aussi voir en fonction des circuits. Il est clair que c'est moins dangereux si tu sors au Paul Ricard que sur la Nordschleife." 

 

Vous comprenez les pilotes professionnels qui ne veulent pas disputer les 24 Heures du Nürburgring ? 

 

"Tout à fait. Un Thomas Drouet est complètement à l'opposé de ce que je pense. Nous sommes tous les deux passionnés de GT, mais lui veut y aller. C'est quand même dangereux de rouler là-bas avec une petite voiture." 

 

Vous avez déjà testé le grand circuit ? 

 

"Ouais en Fiat Ducato avec Luc Aphand et Jérôme Policand. Y rouler en touriste a renforcé ma position. On a tout de même dépassé un bus et des motos." 

 

La météo vous a joué des tours au Mans ? 

 

"En 2001, il pleuvait beaucoup. Tout le monde se souvient de ce pauvre Jean-Philippe Belloc bloqué dans le bac avec sa Chrysler Viper. Je roulais sur une Porsche 911 GT3 RS/Larbre Compétition avec Jean-Luc Chéreau et Sébastien Dumez. Sous la pluie, j'étais en 3e dans les Hunaudières, donc quasiment à l'arrêt. Un mec me passe, donc je me dis que je peux aller plus vite. J'arrive à la chicane et ce même mec a tiré tout droit en passant dans le bac. Tu dois te fier à ton feeling." 

 

On parle de pluie, mais il y a aussi la chaleur...

 

"Nous sommes au Mans en 2005. Je roule sur une Ferrari 550/Larbre Compétition en compagnie de Vincent Vosse et Olivier Dupard. Cette année-là, il faisait très chaud. On se serait cru à Suzuka. Avant le départ, un technicien de Michelin a mis son thermomètre qui indiquait 60°C sur l'arceau. Olivier a rapidement connu un souci et nous avons roulé à deux avec Vincent. Lui était enchanté de rouler à deux, moi pas. Après six heures, j'étais caramélisé. Vincent était lui aussi livide en sortant de la voiture après chaque relais. Pourtant, il parvenait à remonter sans problème. Nous avons tout de même terminé au pied du podium." 

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