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Claude Surmont et la BOP : "L'équation parfaite est impossible à concevoir"

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GT World Challenge Europe
23 fév. 2017 • 12:00
par
lm@endurance-info.com

Reconnue pour être juste, la Balance de Performance établie par SRO fait nettement moins couler d’encre que par le passé. La mise en place d’une BOP en fonction des circuits et des données recueillies dans le monde entier a permis de donner un équilibre qui permet d’avoir des écarts très serrés comme on a encore pu le constater en 2016 en Blancpain GT Series.

« Nous avons créé le GT3 à la fin 2005 dans le but de développer la compétition-client en utilisant tout ce que SRO et la FIA ont pu apprendre lors de la décennie précédente » a déclaré Stéphane Ratel, président de SRO Motorsports Group. « Les catégories GT1 et GT2 avaient leur place à l’époque, mais des championnats mono-marques organisés directement par les constructeurs ont connu un certain succès. Amener des voitures de conception différente dans un même ensemble ne peut pas se faire sans une hausse des prix, ce qui dissuade les clients. Les constructeurs et les équipes ne veulent pas perdre la face mais ils ont compris qu’uniformiser les règles du jeu en équilibrant les autos afin de créer la stabilité était le bon modèle d’affaires pour travailler sur le long terme. » SRO a mis en place une Balance de Performance dès les débuts du GT3 et c’est maintenant le GT4 qui suit le même chemin.

Deux fois par an, SRO organise un test de BOP sur sa base du Circuit Paul Ricard où le promoteur possède tous les outils nécessaires à l’évaluation des différents modèles. Afin de maintenir le meilleur équilibre possible, tout est contrôlé et évalué sur la piste : moteur, aéro, châssis, évolution sur les autos. Des pilotes professionnels qui n’ont aucun lien avec un quelconque constructeur liment le bitume varois. Les données de chaque auto sont ensuite recueillies par Claude Surmont, le Monsieur BOP de SRO, et sa petite équipe.

« Il y a beaucoup de travail, mais c’est absolument nécessaire pour atteindre les résultats précis qui permettent d’équilibrer correctement les autos » explique Claude Surmont. « Les constructeurs, les équipes et les pilotes doivent avoir confiance en notre BOP. Nous nous imposons à eux, donc il est très facile de blâmer une mauvaise performance établie par nos soins. Le processus est sans fin car il y a toujours de nouvelles mises à jour à évaluer, et généralement un ou deux nouveaux modèles par an. 

« Nous avons beaucoup de domaines à prendre en compte, à commencer par ceux qui ont le plus gros impact sur le chronomètre : puissance, couple, poids et aéro. Nous étudions la fiche technique d’homologation de la voiture, ce que nous avons appris lors des essais et les données récoltées sur le banc moteur. Tout est ensuite ajouté à notre logiciel interne de simulation qui donne quatre cas de BOP pour chaque voiture. Le type de circuit utilisé permet d’avoir celle à utiliser à un moment donné. L’équation parfaite est impossible à concevoir. Cependant, grâce à l’expérience et l’interprétation des données, nous sommes en mesure de calculer quelque chose d’assez précis qui nous permet de savoir si quelqu’un a des paramètres de BOP incorrects. Au bout du compte, nous visons un écart entre les autos de 0.3s sur n’importe quelle configuration de circuit. »

Le système SRO est en place dans les différents championnats Blancpain, le Pirelli World Challenge, l’Australian GT, le British GT et le SUPER GT (GT300). « Toutes les voitures sont conçues pour un ensemble de règles communes avec des paramètres connus » poursuit Claude Surmont. « Les données de la piste que nous recueillons sont très importantes parce que personne ne sait réellement comment peut se comporter une voiture jusqu’à ce qu’elle roule à son plein potentiel sur circuit. D’autres championnats ont mis en place une BOP spécifique sur les informations fournies par les équipes, ce qui conduit régulièrement à des chiffres faussés et du 'sandbagging'. Cela ne peut pas se produire avec les BOP GT3 et GT4 mises en places par SRO parce que nous avons deux pilotes qui travaillent pour nous dans un environnement contrôlé. Chaque voiture est évaluée en utilisant les mêmes pneus, le même mélange de carburant et des réglages moteurs bien définis. Tout cela revient à créer un terrain de jeu où personne n’a un avantage injuste.

« De plus, au lieu de recueillir des données à partir d’une série spécifique dont le niveau de performance pourrait être affecté par ses pilotes et la capacité des équipes, SRO examine des échantillons à partir d’un grand nombre de championnats et d’évènements à travers le monde. Citons les 12 Heures de Bathurst en Australie, le Pirelli World Challenge en Amérique, les 12 Heures de Sepang en Asie, le British GT ou la Blancpain GT Series en Europe. Les données recueillies sur les voitures avec autant de pilotes et d’équipes sur différents circuits nous permettent d’extraire la performance réelle de chaque modèle. »

Au fil des années, le nombre de constructeurs présents en GT3 n’a cessé de progresser avec actuellement plus de 15 marques présentes, ce qui oblige SRO à redoubler de travail pour donner la meilleure BOP possible. L’ouverture de la saison 2016 Blancpain Endurance Cup a permis de voir 30 GT3 dans la même seconde en qualifications. Mercedes-AMG a appris à ses dépens qu'il ne fallait pas tromper le système mis en place sous peine de se faire pénaliser, et ce même quelques heures seulement avant le départ de la course principale de la saison...

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