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Romain Dumas : "Olaf Manthey, le Pesca allemand"

24H Nürburgring
4 juin. 2021 • 16:20
par
lmercier
Il y a 10 ans, Romain Dumas remportait les 24 Heures du Nürburgring pour la 4e fois en cinq ans. En fin limier qu'il est de la Nordschleife, Olaf Manthey décidait de faire rouler Romain Dumas, Timo Bernhard, Marc Lieb et Lucas Luhr sur deux Porsche aux 24H du Nürburgring : une 911 GT3 R et une 911 GT3-RSR. Il y avait une raison à cela, raison qui n'a pas fonctionné même si une des deux s'est imposée.
Manthey_24H_2011

Outre le fait que Manthey Racing faisait rouler ses pilotes de pointe sur deux autos différentes, la nouveauté dans l'équipage était la présence de Lucas Luhr, qui remplaçait le malheureux Marcel Tiemann, gravement blessé en International GT Open. Romain Dumas, toujours très à l'aise dans l'Enfer Vert, se souvient de son dernier succès aux 24 Heures du Nürburgring. Le pilote officiel Porsche nous parle également de sa relation avec Olaf Manthey. 

 

Podium_24H_Nurbur_2011

 

Pourquoi deux voitures avec le même équipage ? 

 

"Je me souviens que c'était la première d'une GT3 R sur cette course. Olaf Manthey aimait la RSR, moins la GT3 R car il n'était pas possible de développer ton propre matériel. Il a donc décidé de mettre les deux modèles sur la grille. Les deux se sont qualifiées. Je pense que Olaf avait une intuition. Il sentait quelque chose. Les GT3 étaient à la fête en qualif' avec sept SP9 dans le top 10. Notre GT3 R s'était qualifiée au 8e rang contre le 16e à la 997 GT3 RSR."

 

Une des deux Porsche devait être devant ? 

 

"Une heure avant le départ, branle-bas de combat, une nouvelle BOP était donnée. En qualif', nous en avions gardé un peu sous le pied avec la 997 GT3 RSR qui était révisée de A à Z. La GT3 R n'avait pas le même soin de l'équipe. La BOP révisée stipulait que la RSR prenait 30 kg et la GT3 perdait du poids, soit tout l'inverse de ce que Olaf souhaitait. On s'est tiré la bourre toute la nuit face aux BMW. 2011 marquait le début d'une nouvelle ère au Nürburgring avec des écarts à la seconde. La GT3 R a été vite retardée et retirée de la course après seulement 13 tours." 

 

On sent que ce tracé de la Nordschleife vous tient à coeur ? 

 

"Tous mes coéquipiers faisaient le VLN. Timo m'avait proposé de faire une course avec eux. Le jeudi précédant la course, nous avons reconnu le circuit avec une voiture de route. En qualif', Timo fait la pole. Olaf vient me voir après la qualif' et me dit "tu vas prendre le départ." Je lui réponds que ce n'est pas prudent car je ne connais pas le circuit. Il me rétorque : "tu prends le départ". Quand c'était sa propre équipe, Olaf était quelqu'un de très dur et très stressé. C'était son équipe avec son propre argent. C'était un peu le Pesca allemand." 

 

Manthey_24H_2011

 

On sent que vous avez beaucoup de respect pour lui...

 

"Olaf m'appréciait, c'est quelqu'un qui adore la technique. Son équipe était très familial mais le décès de son fils dans un accident de voiture a mis un coup d'arrêt à son enthousiasme. Dans la loge au-dessus du stand, on voyait rien à cause de la fumée de cigarette (rires). Dans les années 2000/2010, Olaf était un vrai compétiteur. Il était prestataire pour Porsche et il était très fort sur la Nordschleife. Olaf arrivait toujours à trouver des petites choses dans le règlement. C'était le Géo Trouvetou de l'Eifel. Lui, son truc c'est la course, le reste ne l'intéresse pas." 

 

On ne peut pas dire qu'il soit très enclin pour les interviews...

 

"Olaf est très gentil et il n'est surtout pas un pilote aigri. De plus, il aimait bien les jeunes pilotes. C'est quelqu'un de bourru dans le bon sens du terme. A chaque course, on pensait qu'il allait faire une attaque tant il tremblait de stress."

 

Olaf Manthey

 

Vous avez bien une anecdote ? 

 

"Une fois, j'ai un contact au virage 1 avec une BMW. Je rentre à la fin du tour pour réparer. J'étais resté au volant, à travers le pare-brise, je le vois qui me montre du doigt les yeux exorbités. Là, tu n'en mènes pas large. La première fois que je dispute les 24H pour son équipe, une Mini qui partageait le stand nous gênait. Il va voir l'équipe pour déplacer la voiture. Après un refus, il décide de la faire lever par des mécanos pour la déplacer."

 

Les Allemands sont très supporters de Manthey Racing. C'est quelque chose que vous avez constaté ? 

 

"Il y a les fans Manthey. Pendant 24 heures, tu passais devant certains postes de commissaires où à chaque passage, ils levaient le pouce quand tu roulais sur une Porsche/Manthey." 

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