Super GT

Michelin quitte le GT500 par la grande porte

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8 nov. 2023 • 11:00
par
lmercier, grand fan du Super GT
Le Super GT fait partie des championnats les plus relevés et Michelin y a longtemps occupé une place de choix.

En 1999, Erik Comas est champion JGTC (Japan Grand Touring Car Championship), l'ancêtre du Super GT. Cette même année, Michelin fait ses débuts dans la série en équipant les trois Toyota Supra de TOM'S avec à la clé une place de vice-champion grâce à Takuya Kurosawa et Masanori Sekiya.

 

Aller chercher Bridgestone et Yokohama sur leurs terres n'a pas été un long fleuve tranquille mais la firme clermontoise a de suite été dans le coup. Dimanche dernier, une page s'est tournée avec le départ de Michelin de la catégorie reine GT500 après 4 titres et 27 succès dans l'un des championnats les plus compétitifs au monde où les pneumatiques prennent une part prépondérante dans le résultat final, d'autant plus que chaque pneu sort des chaînes de Clermont-Ferrand.

En Super GT, contrairement au WEC, les spécifications de pneumatiques ne sont pas figés, d'où une guerre du pneumatique entre Michelin, Bridgestone, Yokohama et Dunlop. Michelin  a su s'imposer comme le fleuron de l'industrie française au milieu de la culture japonaise, ou quand Clermont-Ferrand va défier le pays du soleil levant. En Super GT, la firme française a toujours été en infériorité numérique face à la concurrence, ce qui lui a tout de même permis de s'imposer. 

 

Michelin est resté fidèle à TOM'S de 1999 à 2003. Quelques années plus tard, Nicolas Goubert, alors directeur technique de la partie compétition de Michelin, déclarait à Endurance-Info : « Le GT500 est le championnat le plus relevé au monde sur le plan technique : les circuits sont très divers de par leur tracé, les surfaces sont différentes et, au niveau des conditions météo, nous avons trouvé cette année 45°C à Suzuka et seulement 15° C, pluie battante à Autopolis. Il s'agit d'un vrai casse-tête pour les développeurs, une équation à laquelle ils ont trouvé la solution : technologies innovantes et large recours à la modélisation. Durant les deux premières saisons en GT500, nous avons acquis de l'expérience, collecté les données indispensables au développement de nos pneus et au fonctionnement de nos outils de simulation, probablement les plus avancés du secteur. »

Nissan et Quintarelli en pole à Sugo (2009)

Fin 2003, Michelin quitte le GT500 pour relever d'autres challenges mais dès l'année suivante, une Lamborghini Murcielago R-GT engagée par Amprex Motorsports pour Norman Simon et Genji Hashimoto est de la partie. Les saisons suivantes, c'est en GT300 que Bibendum va briller sur les Toyota MR-S en allant chercher les couronnes 2005 et 2006, respectivement avec Team Reckless (Kota Sasaki, Tetsuya Yamano) et apr (Hiroaki Ishiura, Kazuya Oshima). ASL ARTA Garaiya et MOLA rouleront aussi en gommes Michelin et MOLA repartira avec le titre 2008 grâce à Kazuki Hoshino et Hironobu Yasuda sur une Fairlady Z. Pour schématiser, les pneus utilisés en GT300 sont ceux des GT500 de l'année précédente. 

 

C'est en 2009 que Michelin effectue son retour en GT500 en équipant la Nissan GT-R/Hasemi Motorsport de Ronnie Quintarelli et Hironobu Yasuda, tout en conservant une Toyota chez apr en GT300, l'autre étant en Yokohama. Un an plus tard, Benoit Tréluyer roulera en gommes Michelin sept ans après Erik Comas et onze ans après Pierre-Henri Raphanel. 

Benoit Tréluyer en pole à Sugo (2010)

Hiroaki Odashima, manager Michelin Motorsports au Japon, connaît mieux que quiconque les spécificités du championnat, comme il nous l'avait confié en 2013 : « Nous avons vite compris l’importance de ce qui s’appelait le JGTC. Nous avons équipé les trois Toyota du Team TOM'S en remportant le titre Equipes. Il y a eu ensuite une période de disette où Bridgestone était très fort. Nous avons mis un terme à notre implication car nous étions présents sur beaucoup de championnats à cette époque. Il a fallu faire des choix. Puis nous sommes revenus en 2009 en équipant la Nissan/Hasemi. Dès notre retour, nous avons remporté deux courses. Il a fallu nous adapter à une multitude de paramètres, dont une température de piste en constante évolution. On se doit de couvrir toutes les conditions. Il y a cinq manufacturiers différents, ce qui représente une remise en question permanente. »

Les GT500 équipées de gommes Michelin en images 

Après trois couronnes en GT300, 2011 marque le premier titre pour Michelin en GT500 grâce à la Nissan GT-R/MOLA de Masataka Yanagida et Ronnie Quintarelli. La Lexus SC430/SARD est elle aussi en gommes françaises. Bis repetita en 2012 avec le titre pour la même auto et le même équipage. 

 

Il faudra attendre 2013 pour revoir Michelin dans les deux catégories. En plus des deux Nissan GT-R (MOLA, NISMO), Bibendum équipe aussi la Honda HSV-010 GT/Dome de Fred Mako et Naomi Yamamoto qui s'impose sur les 1000 km de Suzuka, la course la plus prestigieuse de la saison. En GT300, Michelin fournit des pneus à la Subaru BRZ/R&D Sport. 

Photo : Pierre-Laurent Ribault

S'en suivront deux nouveaux titres pour NISMO et Michelin en 2014 et 2015, à chaque fois pour la Nissan GT-R de Ronnie Quintarelli et Tsugio Matsuda. De 2015 à 2019, Michelin a mis toutes ses forces sur le GT500 avant de revenir en GT300 en 2020 avec l'Aston Martin Vantage GT3/Pacific D'station Racing et la Lexus RC F/LM Corsa. Ces deux dernières saisons, la BMW M4 GT3/BMW Team Studie faisait confiance aux gommes françaises.

 

NDDP Racing et NISMO sont les deux équipes à rouler en Michelin de 2018 à 2023. Motegi marque donc la fin d'une époque et ceux qui n'ont pas fait le déplacement au Japon ne peuvent pas comprendre l'impact du championnat dans le pays. Il est là le laboratoire technologique dans une compétition ouverte qui demande de se creuser la tête pour rester devant. 

Michelin sera tout même présent en Super GT la saison prochaine, mais uniquement en GT300. Est-ce juste un au revoir en GT500 ? On l'espère... 

 

 

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