FFSA GT

Eric Debard : « Je ne veux plus subir les choses »

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7 oct. 2023 • 11:00
par
lmercier, au Paul Ricard
Eric Debard doit mettre un terme à son implication en GT4 pour passer en Porsche Carrera Cup France la saison prochaine.
Photo : Jules Benichou

A près de 60 ans, Eric Debard fait partie des gentlemen français qui ont le plus d’expérience. L’Albigeois a connu différentes époques : GT1, GT3, GT4. Véritable passionné s’il en est, le Champion de France GT 2009 sur une Corvette C6.R roule toujours pour le plaisir du sport et c’est avec sa fille Carla qu’on le retrouve cette saison sur une BMW M4 GT4/Debard Automobiles by Racetivity.

 

L'année 2024 passera par un nouveau challenge, celui de la Porsche Carrera Cup France. Eric Debard ne s’y retrouve plus en GT4 et ce ne sont pas les essais libres du Paul Ricard qui vont le faire changer d’avis avec des BMW M4 GT4 très loin des positions de tête. On sent clairement une envie de passer à autre chose.

Photo : Jules Benichou

Que retenez-vous de votre saison ?

 

Ce que je retiens de plus fort, c’est de pouvoir rouler avec ma fille Carla. Carla a débuté par l’équitation avant de lui faire découvrir le sport auto par le TC puis le GT4. Le rêve de tout papa est de rouler avec sa fille. Jusqu’à cette finale, nous avons terminé toutes les courses dans les points. Ce serait bien de terminer sur le podium de la classe Am (3e avant les deux dernières courses, ndlr). Je souhaite que Carla progresse et l’idée serait de la faire rouler en Pro-Am. C’est elle qui décidera ce qu’elle veut faire.

 

Ce sera donc sans vous ?

 

Pour ma part, j’ai fait le tour de la question. J’ai pourtant toujours envie de faire du sport et j'en fais quotidiennement. Aujourd’hui, j’ai du mal à m’y retrouver dans ce championnat. Le business a pris le pas sur le sport. En prenant un peu de recul, on ne fait plus de sport et on ne comprend plus rien avec la BoP. Je pense pourtant que les moyens sont là pour équilibrer le tout mais le business prend le dessus. A 50 euros la séance de karting de location, tu peux te marrer. Là, on parle de 300 000 euros. Le plaisir n’y est plus. Malgré cela, je reconnais tout le travail fourni par l’organisation.

Photo : Jules Benichou

Votre programme 2024 est finalisé ?

 

J’ai débuté il y a 30 ans par les formules de promotion où j’ai appris à piloter. Tout le monde était sur le même pied d’égalité. Quand tu prenais 2 secondes, tu savais pourquoi tu prenais ces deux secondes. Pour 2024, la Porsche Carrera Cup France m’attire. J’ai roulé sur une Cup en Porsche Sprint Challenge au Val de Vienne et je me suis régalé.

 

Ce principe de Balance de Performance vous semble discutable ?

 

La catégorie GT1 avait le mérite d’avoir un handicap résultat. Le concurrent qui avait la même auto que le vainqueur ne prenait pas de poids. Actuellement, la BoP est faite en fonction des pilotes. Dans les deux mots ‘sport automobile’, il y a le mot sport. Quand on a beaucoup de concurrents, on veut faire plaisir à tout le monde. La mentalité des gens a changé et cela ne touche pas seulement le sport auto. A l’époque, on acceptait d’être dernier. Quand j’étais gamin j’admirais les gens qui avaient des choses que je n’avais pas. Je faisais tout pour aller chercher ces choses. Maintenant, tout le monde veut tout tout de suite sans faire le moindre effort. Tout cela a déteint sur le sport.

Photo : Jules Benichou

La politique business ? 

 

Pour avoir du monde, il faut faire plaisir à tout le monde, mais ce n’est pas cela le sport. Pour ma part, je sais que je régresse car l’âge avance mais jeudi soir nous avons passé du temps à travailler les acquisitions de données pour s’améliorer. Je me dis que je peux encore progresser avec la petite marge qui me reste. En course à pied, tu progresses sur la technique, alors je peux certainement encore progresser. Il faut aussi adapter son pilotage en fonction des catégories et ce n’est pas une critique mais juste l’évolution du sport. 

 

Les équipes ont aussi des difficultés financières à boucler les programmes. On le voit avec des teams qui disparaissent. La limite est atteinte sur le plan budgétaire et je ne veux plus subir les choses.

Commentaires (5)

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bertrand.drouet@orange.fr

7 oct. 2023 • 11:46

Belle leçon merci eric

AMICALEMANS

7 oct. 2023 • 12:22

Debard ne fait jamais les choses par hasard

francois@racetivity.fr

7 oct. 2023 • 12:33

J'ai hâte de voir une Porsche Cup aux couleurs Debard 😍

Fastdriver

7 oct. 2023 • 14:07

Merci à la famille Debard pour cette belle saison. Tout est résumé dans le propos d'Éric. En ce moment les instances pensent sauver le sport auto en le torpillant.

Pierre V.

8 oct. 2023 • 11:08

Pas de BOP dans les championnats monomarque, ... pourvu que cela dure !
Eric Debard très performant au Val de Vienne avec la Cup ; d'autres anciens comme Gillles Vannelet également en Porsche Sprint Challenge démontrent que le talent traverse les années...