Le Mans

Anthony Megevand (COOL Racing) : « On se doit d’être dans le match dans les deux classes »

24 Heures du Mans
2 juin. 2023 • 12:00
par
lmercier, au Mans
COOL Racing arrive aux 24 Heures du Mans avec deux Oreca 07 et l'envie de briller en LMP2 et LMP2 Pro-Am.
Photo : MPS Agency

Un an après sa prise de fonction de directeur sportif chez COOL Racing, Anthony Megevand est un homme comblé. Comme beaucoup d'entre nous, le Haut-Savoyard a évolué dans le monde du sport auto. Passé de journaliste à attaché de presse puis responsable de la compétition-client chez ORECA, c'est maintenant un rôle de directeur sportif chez COOL Racing qui occupe ses journées. Avant le début des hostilités, Anthony Megevand a fait le point sur l'équipe dirigée par Nicolas Lapierre et Alexandre Coigny. 

 

COOL Racing poursuit sa montée en puissance avec deux LMP2 au Mans ?

 

Avoir deux autos change les choses sur le plan logistique. On reste à cinq autos cette saison mais avec deux LMP2 et une LMP3 en ELMS, et deux LMP3 en Le Mans Cup. Le staff a forcément évolué. La grosse inconnue restait le fait de savoir si nous allions avoir un deuxième engagement aux 24 Heures du Mans. Le but est de continuer à faire de la qualité et être performant. Passer à deux LMP2 ne doit pas se faire au détriment de la première, ni-même au programme LMP3 qui est très important à nos yeux. Il n’est pas question de tout focaliser sur le LMP2 et de délaisser le LMP3. On a gagné en LMP3 et il faut continuer à gagner en LMP3. En LMP2, on se doit d’être dans le match dans les deux classes.

 

Monter deux équipages a été compliqué ?

 

Nous avons monté deux équipages compétitifs car l’idée de départ n’était pas de faire deux LMP2 rien que faire deux LMP2. Tout ce qui est mis en place est un peu à l’image de Nico. L’ambition est toujours là, ne pas faire les choses pour l’histoire de les faire. La preuve est que nous avions d’autres opportunités de faire d’autres programmes. Nous avions tout ce qu’il faut pour cela mais nous avons décidé de ne pas y aller afin de continuer étape par étape et de faire les choses bien.

 

Les choses peuvent évoluer à l’avenir car l'ambition reste de développer l’équipe. Ce développement peut être en nombre ou aller vers de nouveaux championnats et de nouvelles catégories, voire même nouvelles disciplines. Il y a la fois une volonté de l’équipe, du management et de l’intérêt de clients potentiels alors que nous ne sommes pas forcément dans les disciplines en question. C’est signe que le travail commence à être remarqué.

 

Le championnat IMSA fait partie des envies ?

 

On a regardé pour les Etats-Unis cette année avec les 24 Heures de Daytona, mais c’était difficilement faisable compte tenu de notre présence en Asian Le Mans Series. Nous aurions tout de même pu faire une LMP2 d’un côté, une LMP3 de l’autre. On voulait aussi garder une LMP2 en Europe pour préparer la saison. Clairement, l’IMSA est un championnat que l’on regarde en LMP2. Nous étions vraiment à deux doigts de le faire mais cela ne doit pas être au détriment de l’ELMS et de l'Asian Le Mans. A l’avenir, cela peut passer par un programme complet. On part du principe qu’on ne ferme aucune porte. Daytona tout seul à son charme, les quatre courses d’endurance également, tout comme l’intégralité du championnat. Des équipes comme TDS Racing ont prouvé que ça fonctionnait en construisant les choses d’une façon intelligente. On reste une équipe jeune, donc il ne faut pas brûler les étapes.

 

Malthe Jakobsen est le fer de lance de cette jeunesse ?

 

On a cette philosophe complémentaire qui est à la fois d’avoir des gentlemen, des pilotes professionnels et des jeunes. Les jeunes font partie de la colonne vertébrale de l’équipe. Aujourd’hui, ce qui me plaît, c'est d’avoir une douzaine de pilotes, plusieurs de moins de 20 ans. La jeunesse est valable dans toute l’équipe : pilotes, mécaniciens qui sont arrivés en stagiaires et qui sont passés du P3 au P2, ingénieurs. Max Scalabrini en est le parfait exemple en rejoignant le programme LMP2 après avoir gagné le titre en LMP3. Les trois sont importants, on grandit tous ensemble. Malthe est la locomotive en arrivant en LMP3 pour briller avant de passer en LMP2. Il a fait le Rookie Test Peugeot avant de signer un contrat de jeune pilote.

 

N'oublions pas Reshad de Gerus...

 

Reshad en est aussi le parfait exemple. Il n’a pas été découvert par COOL Racing mais en passant de Silver à Gold, on a réfléchi à comment le faire progresser pour qu'il puisse passer à l’étape supérieure. A Barcelone, c’est lui a été chargé de disputer la qualification à seulement 20 ans alors que Pechito est dans l’équipage. Reshad nous a bien rendu la confiance en allant chercher la pole.

 

Le fait d'avoir une seule course ELMS contre trois aux concurrents WEC est un handicap ? 

 

Il ne faut pas commencer à chercher des excuses. D’un côté, ça n’aide pas mais de l’autre Le Mans reste Le Mans qui est une course WEC avec ses subtilités. Il fallait de toute façon s’adapter. Avec le recul, on se dit qu’aller rouler en Asian Le Mans Series était une bonne chose. Les quatre courses asiatiques ont d’autant plus d’importance pour Malthe et Alex. Le seul bémol est pour Vlad (Lomko) qui n’a qu’une course dans les jambes en LMP2. Nous avons compensé par plus d’essais.

 

Retrouver Simon (Pagenaud) doit être spécial...

 

Ça fait 15 ans car c’était en 2008 lors de son premier Le Mans. Personnellement, j’étais chez ORECA cette année-là et je me souviens quand Hugues a annoncé vouloir prendre Simon au Mans. Ce gars-là avait un potentiel incroyable sans être au sommet de sa carrière. Il commençait avec Gil De Ferran et on a vu de suite qu’il était bon dans l’Acura. Il a de suite été dans le match au Mans. On ne pouvait pas espérer mieux d’un rookie. Quinze ans après, on le retrouve alors qu’il a fait 2e au Mans, gagné les 24H de Daytona, Indy 500, le titre IndyCar. C’est une référence. Le chemin parcouru est juste incroyable. On n’a pas eu à le convaincre de rejoindre COOL Racing au Mans.

 

Un an après votre arrivée chez COOL Racing, vous avez trouvé votre place dans vos fonctions ?

 

On apprend toujours. J’ai eu la chance de côtoyer tellement de personnes pour qui j’ai du respect. Hugues de Chaunac, Wayne Taylor, les équipes Jota et TDS Racing par exemple. Mon rêve est de me rapprocher de ces gens-là. Je m’éclate comme j’avais envie de m’éclater. J’étais convaincu du potentiel de l’équipe avant mon arrivée et je pense que le potentiel est encore plus élevé que je ne pouvais l'imaginer avant d'arriver dans l'équipe.

 

Et l’Hypercar ?

 

Comme je l’ai dit, il faut y aller étape par étape. Si nous avons la possibilité de le faire correctement, on le fera. Il faut déjà bien faire le LMP2 et gagner, rester parmi les références en LMP3. Pour une équipe encore jeune, nous avons de très bonnes connexions avec des constructeurs : Yifei Ye avec Porsche, Ricky Taylor avec Acura, Pechito avec Toyota, Nico avec Alpine. On a aussi une fibre qui n’est pas mono-discipline. La monoplace est quelque chose de très intéressant même si l’Endurance reste notre discipline de prédilection. Le team est très polyvalent et l’une de nos forces est de savoir nous adapter.

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