N24

Nulle part ailleurs...

24H Nürburgring
21 mai. 2023 • 20:00
par
lmercier, dans l'Enfer Vert
Venir aux 24 Heures du Nürburgring reste une expérience unique, que l'on soit équipe, pilote, spectateur, photographe ou journaliste.
Photo : Gruppe C

Dans le monde des courses de 24 heures, on distingue plusieurs groupes. La plus prestigieuse reste sans aucun doute Le Mans, la plus disputée est Spa, la plus 'show' est Daytona et la plus hors de tout est le Nürburgring. 

 

A une époque où tout est contrôlé, tout est surveillé et où aucune incartade n'est permise, les 24 Heures du Nürburgring sont hors de tout contexte sport automobile, et ce depuis un demi-siècle. Ce n'est pas pour rien que cette Nordschleife est surnommée 'l'Enfer Vert'. Un circuit de 25 km, plus de 100 voitures au départ, un écart de 4 minutes entre le plus vite et le moins vite, une météo qui fait souvent des siennes. Bref, tout ce qui fait kiffer les pilotes. Alors, oui il y a une Balance de Performance, mais non il n'y a pas de limite de piste à respecter. Vous sortez, vous rentrez à la maison après un passage sur la dépanneuse. De nos jours, il est rare de retrouver autant de pilotes avec la banane. La Nordschleife les met tous de bonne humeur. Pourtant, vous trouvez des pilotes, même de renom, qui ne veulent pas y mettre les pieds.

Photo : Gruppe C

Ce circuit est certes bien plus dangereux que certains tracés qui ont perdu tout intérêt pour les pilotes qui n'éprouvent plus aucune sensation. L'effet gladiateur a disparu. L'Enfer Vert, c'est autre chose, quelque chose que vous ne retrouverez nulle part ailleurs, un endroit qu'il faut appréhender. Malgré cette difficulté, vous comme moi pouvez prendre un ticket aller vous défouler sur le circuit tous les jours de la semaine moyennant quelques dizaines d'euros. Mon tour en Peugeot 307 avec Pedro Lamy en 2008 m'a marqué à vie. J'ai bien quelques amis pilotes qui m'ont proposé la même chose ces dernières années, mais j'avoue n'avoir jamais poussé pour me faire brasser sur 20 bornes sans savoir où ça tourne. Même Six Flags aux Etats-Unis, c'est pour les petits (message perso pour Fred Mako). 

Photo : Gruppe C

Si les pilotes adorent les 24 Heures du Nürburgring, c'est tout de même un peu plus compliqué pour les journalistes. Ma dernière expérience, qui remontait à 2012, ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable pour travailler. Un live streaming en langue allemande, pas de transpondeurs dans les voitures pour savoir qui est au volant, plusieurs voitures dans le même stand, une cohue dans le paddock. Bref, pas de quoi me donner l'envie de revenir. J'y suis pourtant revenu une journée en 2017 pour les essais en mode touriste, alors que j'étais le même week-end en GT Open à Spa-Francorchamps. 

 

Cette fois, deux jours avant le Prologue des 24H de Spa, l'occasion était trop belle. Retour dans l'Enfer Vert pour voir peut-être un sixième pilote français sur la plus haute marche du podium en 51 éditions.

 

Au fil du temps, cette course s'est internationalisée. On sait qui roule, on dispose d'un direct vidéo en langue anglaise et de caméras embarquées. Bon, il y a toujours plusieurs voitures par stand mais les conditions de travail pour un journaliste sont bien plus faciles. La Nordschleife n'a pas vraiment changé depuis 2011, les fans sont toujours aussi nombreux et déjantés. Une rave party automobile tout au long du circuit. Parfois, vous prenez même peur. La bière y coule à flots et vous pouvez vite tomber dans une embuscade. 

Photo : Gruppe C

Le vendredi soir, vous rentrez tranquillement à l'hôtel en passant au niveau de Brünnchen et vous tombez sur quatre filles montées sur un échafaudage en pleine danse les seins à l'air et la musique à fond. A quelques mètres de là, vous avez une immense planche en bois avec un trou pour y passer la tête et un autre pour le sexe. Le mec urine en toute quiétude le sexe à la vue de tout le monde en bord d'une route ouverte à la circulation. Des exemples comme ceux-là, vous en avez à la pelle. Il y a la course sur la piste mais aussi en dehors. Rien de tout cela ne serait possible ailleurs. 

 

Quand vous rentrez à l'hôtel au beau milieu de la nuit vers Koblenz, vous longez la piste à quelques mètres des voitures qui arrivent tous feux allumés. Lorsque vous revenez au petit matin, vous avez l'impression de vous faire dépasser à pleine balle par des GT3. Unique !

Photo : Gruppe C

Ici, tout est possible ou presque. Quand les autres courses ouvrent au public à l'arrivée, les 24H du Nürburgring ouvrent à tout le monde avant le départ. Toute personne titulaire d'un simple billet peut fouler la piste, approcher les pilotes et les voitures sur la piste durant la mise en grille. Cela donne un mouvement de foule incroyable et unique. Les fans se massent aussi en bord de piste durant le tour de formation pour encourager les pilotes. On se dit qu'il est impossible de faire sortir de la piste en quelques minutes plusieurs dizaines de milliers de personnes en toute sécurité. Tout le monde s'exécute sans broncher dans le plus grand calme. 

 

Les 24 Heures du Nürburgring restent une course à voir mais c'est aussi une expérience à vivre. Vous ne comprenez rien aux qualifications avec des courses qualificatives, une Q1, une Q2 une Q3, puis un Top Q1 et un Top Q2. La Balance de Performance change quatre fois en une semaine, le meilleur tour en course est plus vite que le chrono de la pole et battu de quatre secondes par rapport au précédent. Les GT3 doivent composer avec des petites voitures, dont une Dacia Logan. On se demande même s'ils prennent du plaisir à regarder autant derrière que devant avec plus de 130 voitures qui ne font que les dépasser. N'oublions pas le ravitaillement en carburant à la pompe à essence. En vous promenant au bord du circuit à 3h du mat', des fans sont tombés sur Jules Gounon et Dani Juncadella. 

 

 

Certes, il y a moins de petites voitures et moins de vrais amateurs. Il fut un temps où n'importe quel pilote du dimanche pouvait espérer être au départ. Maintenant, il faut un permis spécifique et montrer que l'on est capable de dompter cet Enfer Vert, sans oublier que disputer cette course, qui ne compte pour aucun championnat, coûte pas mal d'argent. 

 

Ce double tour d'horloge, qui reste tout de même très allemand, séduit dans le monde entier. Japon, Etats-Unis, Thailande, Corée du Sud et un tas de nationalités différentes se donnent rendez-vous dans l'Eifel pour vivre cette expérience que l'on ne peut vivre nulle part ailleurs. Rendez-vous est pris en mai 2024 ! 

 

Commentaires (3)

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clejoly

21 mai. 2023 • 22:15

Ma seconde fois cette année... Passons le GP qui ne vaut que pour le paddock plein a craquer... L année passée j ai d abord fais la 1 ère partie de la boucle nord et cette année la 2eme,.. Brünnchen j ai testé et approuvé!! Pouvoir être si proche de la piste est un sentiment incroyable. Cette course tu ne peux en parler que quand tu es sur place. Un événement absolument à ne manquer sous aucun prétexte!

JIPE1050

22 mai. 2023 • 7:49

Effectivement, magnifique spectacle suivi tout le week-end, merci VPN ! Et aussi EI pour le lien et un travail impeccable.

Fredfr23

22 mai. 2023 • 8:02

Très bel article, merci !