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Renaud Dufour (Black Falcon) : "Les décisions n'ont jamais été faciles à prendre"

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GT World Challenge Europe
1 aoû. 2019 • 17:40
par
lm@endurance-info.com

Vainqueur des 24 Heures de Spa 2013 avec HTP Motorsport, Renaud Dufour connaît parfaitement la classique ardennaise. Pour cette édition 2019, le stratège de Black Falcon a dû se creuser la tête pour sortir du lot face à la concurrence. Avec une Mercedes-AMG GT3 qui n'était pas la plus rapide sur la piste, Maro Engel, Yelmer Buurman et Luca Stolz n'ont jamais quitté le haut de tableau pour finalement terminer sur la dernière marche du podium. L'équipage de la #4 a suivi à la lettre les conseils de l'ingénieur puisque aucune pénalité n'est venue ralentir la progression de la "Mercedes manga".

2019 était l'édition la plus dure ?

"La course a été difficile. Les conditions ont amené de l'incertitude. Pour briller, aucune erreur n'était permise : choix des pneus, ravitaillement, pilotage. Il fallait bien gérer les périodes de neutralisation. Les décisions n'ont jamais été faciles à prendre, les pilotes ont roulé en slicks sous la pluie, en pluie sur une piste séchante."

Votre stratégie a été parfaite ?

"Pas la moindre pénalité n'est venue nous ralentir. L'arrêt technique de 5 minutes a été fait sous Full Course Yellow, ce qui nous a bien aidé mais ce qui montre aussi que nous avions un déficit de performance face à Porsche. La BOP était plutôt équilibrée même si les Porsche étaient un peu mieux que les autres, peut-être que cela méritait 10 ou 15 kg en plus. Le paquet de tête était très groupé mais le poids a joué un rôle dans des conditions changeantes. Je pense que tout le monde était très proche sur le sec. Bamber sur la Porsche #117 a pu enchaîner 22 tours en 22.6 de moyenne, alors que nous étions au-dessus de 23. Les autos les plus rapides restent à l'avant."

Quel est votre avis sur la sortie du drapeau rouge ?

"Arrêter la course était une bonne décision. Personnellement, je ne vois pas l'intérêt de rouler des heures derrière un safety-car car cela amène une partie de loterie. Sportivement, c'était une bonne décision. C'était dangereux de rouler quand la course a été arrêtée. Spa est tout sauf une course facile à gérer avec une seule catégorie en piste. Je regrette deux choses. La première est que le safety-car ne soit pas sorti devant le bon leader alors que c'était facilement corrigible. Remettre un Full Course Yellow puis un safety-car aurait été plus judicieux. Je n'ose pas imaginer si l'Audi #1 avait gagné la course. C'est aussi une épreuve d'endurance pour la direction de course et l'erreur humaine peut arriver à tout le monde. La deuxième chose à regretter est le management des drapeaux bleus. Une Bentley a failli nous envoyer dans le mur à deux reprises. Il faut faire en sorte que les drapeaux bleus soient respectés. La règle est que si on se fait prendre un tour, on doit laisser passer. Visiblement, il y a un choix de laisser faire les choses. Il n'y a jamais eu de message pour le respect des drapeaux bleus."

Et le fait que les Pros soient pénalisés après un contact avec un Am ?

"Je comprends tout à fait que le plateau doit faire la part belle aux Am qui doivent trouver leur place. Il faut que ce soit du cas par cas. Les commissaires sportifs sont les mêmes, donc il y a une certaine constance dans les décisions. C'est plutôt bien géré."

Arrêt technique, arrêt joker, tolérance d'une seconde... On ne s'éloigne pas du sport ?

"Je ne peux pas nier que cela devient une usine à gaz sur la compréhension. C'est certainement l'édition où il fallait être le plus sur le qui-vive. On pouvait tout perdre d'un tour à l'autre. Tout le monde veut exploiter chaque situation, ce qui n'est pas simple pour le spectateur. L'arrêt technique de 5 minutes est une bonne chose car certaines peuvent faire les 24 heures sans changer les freins, ce qui n'est pas le cas de toutes les autos. Cependant, le faire quand on veut durant la course favorise les chanceux, ce qui a été notre cas."

La fin de course a été cruciale sur le plan de la stratégie ? On a vu un relais tout près de 65 minutes en fin de course...

"Lors du pénultième relais, nous étions sur une base de 27 tours. Nous aurions pu éventuellement boucler 27 tours, mais il y avait un risque à prendre, ce que je n'ai pas voulu car nous aurions débordé des 65 minutes, donc au-delà de la fenêtre réglementaire. Nous avons fait rentrer la voiture après 26 tours seulement. Il a donc fallu la garder plus longtemps au stand afin de pouvoir terminer sans avoir besoin de faire un arrêt supplémentaire. Nous sommes donc sortis des stands à 22h55mn03s."

Relancer la course plus tôt aurait été plus judicieux ?

"La critique est facile. Peut-être que la course aurait pu être relancée plus tôt, mais si c'était pour remettre un rouge dans la foulée, il n'y a pas d'intérêt. Tout cela est facile à dire après coup. Selon moi, les bonnes décisions ont été prises. C'est juste dommageable pour le public."

Vivement la version Evo du côté de Mercedes ?

"Nous avons continué à travailler sur l'auto depuis 2018 avec de petits détails sur le set up. Cette course de Spa se construit sur le long terme. On arrive à avoir un bon package au fil des ans. La version actuelle a encore son mot à dire."

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