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Fred Thalamy (Saintéloc Racing) : "On peut tout refaire, tout reprendre, ça reste Spa"

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GT World Challenge Europe
3 aoû. 2019 • 14:08
par
lm@endurance-info.com

Les 24 Heures de Spa 2019 n'ont pas été de tout repos pour Saintéloc Racing qui a dû composer avec un double programme GT3/GT4 en Belgique. L'écurie victorieuse en 2017 de la plus grande épreuve GT au monde alignait une nouvelle fois une Audi R8 LMS GT3 pour le même trio qu'en 2018, à savoir Winkelhock/Haase/Vervisch. En parallèle, le quatuor Gachet/Palette/Paque/Blanchemain emmenaient une Audi en Pro-Am. Comme l'année passée, l'équipe dirigée par Sébastien Chétail et Fred Thalamy a terminé au pied du podium. Comme l'année passée, tout a été préparé avec minutie et comme l'année passée le résultat final s'est joué à quelques secondes. Il aura manqué 4.480s pour aller arracher la 3e place (16s en 2018) et 22s pour la victoire.

Le seul couac a été le drive through infligé à la #25 pour un moteur en marche durant un ravitaillement. Vidéo à l'appui, le directeur sportif est allé plaider sa cause en direction de course. La pénalité a été suspendue puis annulée avant finalement d'être remise. De quoi laisser un goût amer au team stéphanois au moment de faire les comptes. Sans cette pénalité, Audi Sport Team Saintéloc avait toutes les cartes en main pour s'imposer une deuxième fois. Mais avec des si... Saintéloc Racing termine meilleure équipe Audi. Fred Thalamy, directeur sportif, dresse le bilan de cette édition 2019.

Il faut de la chance pour gagner à Spa ?

"Je compile chaque année les drive through et les Full Course Yellow, et c'est toujours la même chose. Il n'y a pas de chance en sport automobile, il n'y a que du travail. En revanche, à Spa, il y a une part de chance mais il faut aller chercher cette chance. Pour AKKA-ASP, 3Y et nous, la sérénité n'était pas là avec les deux programmes même si l'équipe était renforcée."

La gestion n'est pas de plus en plus compliquée avec toutes ces règles d'arrêt technique, d'arrêt joker, de tolérance d'une seconde ?

"On a rajouté des règles au fil des éditions. Selon moi, l'arrêt joker est à supprimer. Tout le monde cherche à le faire sous safety-car. Avec une bonne BOP, on pourrait tous avoir un ravitaillement en carburant de 40 secondes. Là, ça changerait tout avec une stratégie remise en avant. Actuellement, on est dans une stratégie vicieuse. "On oublie l'arrêt technique. Les freins font partie de la gestion de la course. On dispute une course d'endurance et l'objectif n'est pas d'avoir toutes les autos à l'arrivée."

Jérôme Policand milite pour une ouverture de la course au niveau des règles. Vous partagez le même avis ?

"Ce serait bien d'ouvrir la course en conservant juste la règle des 65 minutes par relais et un temps de ravitaillement en carburant identique.. Aujourd'hui, trop de règles tuent les règles."

Sortir le drapeau rouge était judicieux ?

"Les pilotes confiaient à la radio que c'était dangereux. Je fais confiance aux pilotes pour leur franchise. Que ce soit un drapeau rouge, un Full Course Yellow ou un safety-car, c'est un autre sujet. Dans tout les cas, c'était dangereux. Il ne faut pas oublier qu'on ne roule pas avec des pneus de développement. Ce pneu client mériterait deux lignes supplémentaires pour évacuer l'eau. Le pneu dont nous disposons doit être capable de rouler sur du séchant, de la petite pluie et de la grosse pluie. La décision du drapeau rouge n'est pas idiote. Nous sommes au XXIe siècle et le temps des jeux du cirque est révolu. Ce n'est pas la peine de blesser des pilotes pour du spectacle."

Pourtant, ce drapeau rouge a ralenti votre remontée...

"Dans notre stratégie, cela nous a embêté car on devait remonter environ 10s par heure. Le lundi, tout le monde a gagné la course. Spa reste Spa. On peut tout refaire, tout reprendre, mais ça reste Spa. J'ai débuté là-bas en 2014 et cette épreuve n'a plus rien à voir avec ce que j'ai connu il y a cinq ans. Ce n'est plus du tout la même course. Plus le challenge est important, mieux c'est."

Vous avez été impressionné par cette édition 2019 ?

"Les Porsche m'ont impressionné, j'ai été déçu par les Bentley qui sont pourtant de magnifiques autos. Porsche avait les bons équipages. Kévin Estre a été impressionnant. C'est lui qui fait le boulot, les autres ont assuré derrière. Il a été phénoménal sans aller au-delà de ses limites."

Ce drive through infligé, suspendu, annulé puis remis a quand même de quoi être rageant...

"J'aimerais bien savoir pourquoi on a été pénalisé. Quand une pénalité est justifiée, on l'accepte et on fait avec. Ce facteur pénalité sans trop avoir l'explication me gêne. Je suis le premier à vouloir jouer les règles. On a enchaîné la France, le Sprint, l'Endurance et Spa. C'est aussi le cas pour SRO. Nous ne sommes pas des surhommes."

Les drapeaux bleus n'ont pas été respectés. Un vrai problème ?

"Le risque est qu'un Pro pousse un Am. Que faire avec les drapeaux bleus ? Je n'ai pas la réponse vu la complexité du sujet. Un Silver nous a gêné durant plusieurs tours, tu t'écartes de 5 mètres aux Combes, tout le monde est content et personne ne perd de temps. On a un spotter dans le stand qui indique au pilote en piste quelles sont les autos qui remontent en donnant des conseils. C'est positif pour les pilotes Am."

Certaines équipes étaient pour une remise à zéro des relais avant le redémarrage, d'autres non. Quel est votre avis sur le sujet ?

"J'ai insisté pour que les relais ne soient pas remis à zéro. Là, ce n'est plus de la stratégie mais de la filouterie. C'est la course. Quand le safety-car ne sort pas devant le leader, on perd beaucoup de temps sur l'Audi #1. Toutes ces règles génèrent un lobbying colossal. La course est repartie à 11h30 et on ne va pas refaire la course."

Vous avez aimé ces 24 Heures de Spa 2019 ?

"C'était encore une folle édition. On a vu des éditions record sur le nombre de tours, en 2019 c'était sur la longueur de la course..."

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