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Oui j'ai posé mon derrière dans une Peugeot 908...

Endurance Info
14 sep. 2017 • 22:45
par
lm@endurance-info.com
Il aurait été dommage de ne pas profiter d'un déplacement au Nürburgring pour la Blancpain Sprint Cup pour aller rendre une visite aux Spa Six Hours, et ce en dépit d'une météo très spadoise. La présence des Masters Endurance Legends était la cerise sur le gâteau pour nous convaincre. Peugeot 908, Lola Aston Martin, Ferrari 575 GTC, Audi R8, Ferrari 550 Maranello, Pescarolo LM P1, Aston Martin Vantage GT2, Ferrari 333 SP, Venturi et j'en passe...Nicolas Minassian, promoteur de l'évènement, a de quoi être un homme heureux pour ce premier jet qui va laisser place à un championnat complet en 2018. Le paddock de Spa-Francorchamps regorge de véhicules historiques tous aussi rutilants les uns que les autres. Un régal pour les yeux et les oreilles.Qui aurait cru qu'une Peugeot 908 roulerait dans un meeting historique six ans après avoir croisé le fer face à Audi aux 24 Heures du Mans et en Intercontinental Le Mans Cup ? Du temps de Peugeot en LM P1, il était impossible d'approcher la 908 dans son stand, de prendre la moindre photo du moteur. Six ans plus tard, je peux dire que j'ai posé mon fessier dans le baquet d'une 908 sous le regard de Nico Minassian, ancien pilote officiel Peugeot. J'ai enclenché le volant dans son emplacement, fermé les deux portes et appuyé sur le bouton 'start'. Pour vous, c'est peut-être pas grand-chose mais au début des années 2010, cette 908 était la machine à battre en Endurance. On ne parle pas d'une auto qui a 30 ou 40 ans, mais bien d'une LM P1 d'il y a 6 ans. Ce châssis était celui qui était en essais à Sebring en janvier 2012 lorsque le programme s'est arrêté subitement. 2066 jours plus tard, je suis assis dans la 908. Et on peut vous certifier que Minass' a pris un pied fou au volant de la 908. On l'a senti dans ses yeux.Les autos des Masters Endurance Legends sont récentes mais cela n'empêche pas de faire rêver. Pour ma part, j'ai eu la chance de toutes les voir en compétition du temps de leur splendeur. Matthieu Layahe était lui aussi comme un gamin en plein moulage du siège de la Pescarolo LM P1 couvée par OAK Racing et Stéphane Menu, compagnon de longue date d'Henri Pescarolo. Que dire de la Lola Aston Martin aux couleurs Gulf qui est plus Lola qu'Aston Martin. Une DPi avant l'heure en quelque sorte... Elles vous rappellent toutes quelque chose : une anecdote, un fait de course, un podium, une victoire. Elles sont belles, elles font du bruit. Tout ce qu'on demande à une voiture de course. Ah c'est sûr qu'on est loin de la Formula E où un pilote doit sauter d'une monoplace à une autre dans le plus grand silence avec dans le paddock de gros générateurs qui chargent les batteries.Stéphane Ratel nous expliquait il y a peu que la dernière voiture serait une voiture de course et on ne peut que lui donner raison. Croyez-vous qu'une Ferrari 575 GTC ait pris la moindre ride ? On ne parle pas d'une Ferrari P4/5, mais bien seulement d'une 575 qui n'a même pas 15 ans. Une Porsche 917 est magnifique à voir, mais selon votre âge, elle ne vous rappelle rien. Mon père a forcément des souvenirs d'une 917 au Mans, moi pas. En revanche, la Ferrari 550 Maranello me remémore une discussion dans la voie des stands des vérifications des 24 Heures du Mans 2004 avec Jérôme Mugnier (le fameux virages.net) où nous nous disions que cette auto ne prendrait pas une ride avec le poids des années. Treize ans plus tard, la confirmation est donnée. Que dire aussi des Formule 1 historiques avec leurs célèbres livrées... Elles vont forcément rappeler des souvenirs aux spectateurs des Spa Six Hours : Marlboro, John Player, Essex, Parmalat, TAG, Saudia.Avec la jeune génération qui n'a certainement pas la même passion que leurs parents pour le sport automobile, quelles seront les histoires à raconter dans dix ou vingt ans ? Y aura-t-il des histoires à raconter ? Pour moi, avant d'être un métier, le sport automobile est une passion, pas une passion récente mais bien une passion de gamin. Certains pilotes sont eux aussi toujours comme des gamins. Un Nicolas Minassian se fait autant plaisir dans une LM P1 que dans une GT3. Donnez-lui une GT4 et on peut vous assurer qu'il s'éclatera autant. Même chose pour Romain Dumas qui pourrait ralentir ses activités, mais qui aime trop ce sport pour s'en passer. L'un comme l'autre ne sont pas dans le paraître, mais bien dans la passion. Le premier va se régaler ce week-end au volant d'une Peugeot 908 et le second va en faire de même au Rally di Roma sur une Porsche 911 GT3 RS de sa propre équipe.A l'heure où le monde du prototype est pleine restructuration, il ne faut pas oublier de faire rêver les gens. La vie quotidienne n'apporte pas que des belles choses et il est bon de s'évader. Le rêve est exactement ce qui manque au sport automobile actuel. Les prototypes se ressemblent, le bruit se fait rare et les LM P2 ont toutes le même son. On ne sait pas quelles décisions vont être prises pour le futur mais à l'heure de Roborace, je doute fort que l'électrique fasse rêver les foules. Est-ce que dans dix ans les Porsche 919 Hybrid et Toyota TS050 HYBRID seront autant regardées qu'une Pescarolo LM P1 ou une Lola Aston Martin vieille de seulement six ans ? Il faudra déjà une batterie d'ingénieurs pour faire fonctionner le système hybride. Malgré sa très courte carrière, il y a fort à parier que la Nissan GT-R LM P1 NISMO ait plus de succès, de part son look atypique et tout le monde se dira : "ah oui, je me souviens de cette Nissan qui a fait un flop retentissant".Nous ne sommes pas législateurs mais on se prend à rêver d'une nouvelle catégorie GTP avec des GTE encore un peu plus bodybuildées et de gros pneus. Quelque chose où le pilote n'aurait pas besoin de réfléchir où il faut lâcher l'accélérateur pour récupérer de l'énergie, et où le fan pourrait identifier facilement l'auto. Toyota n'a pas attendu l'endurance pour vendre sa Prius hybride. Ces dernières années, le marketing a pris le pas sur le sport. Les constructeurs vont et viennent avant d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte.J'espère juste qu'un jour je ne viendrais pas sur un circuit pour faire un faire simple travail de journaliste sans aucune passion. Alors continuez à me faire rêver !

Les photos du paddock sont ici

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