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Le Mans Passion Share : Après la piste, la plongée en apnée

28 avr. 2017 • 12:00
par
lm@endurance-info.com

La 3e édition de Le Mans Passion Share a réuni, les 26 et 27 avril, des pilotes des 24 Heures du Mans et des apnéistes professionnels autour d’un défi inédit : celui de rapprocher deux mondes qu’a priori tout oppose. Une expérience aussi rare qu’enrichissante, qui a réservé aux participants son lot de surprises.

Vitesse, bruit, environnement mécanique et lutte avec les autres d’un côté ; apesanteur, silence, élément naturel et lutte avec soi-même de l’autre… tout semble opposer le pilotage automobile et la plongée en apnée. D’ailleurs, sans l’occasion unique créée par l’évènement Le Mans Passion Share, ces deux mondes ne se seraient probablement jamais rencontrés. C’eut été dommage car ces sports de haut niveau, et les sportifs qui les pratiquent, partagent de nombreux points communs. Rémy Dubern, un des apnéistes protagoniste de cette rencontre inédite, résume ce parallèle de la plus belle des manières : « Le pilotage et l’apnée sont à la fois très similaires et radicalement opposés, comme le Yin et le Yang ». Quatre pilotes des 24 Heures du Mans et quatre apnéistes aux multiples titres ont joué le jeu de se glisser dans la peau d’un autre… et en sont ressortis grandis.

Comme le veut la coutume de Le Mans Passion Share, événement lancé à l’initiative de l’Automobile Club de l’Ouest, ce sont les pilotes des 24 Heures du Mans qui reçoivent en premier lieu leurs hôtes, avant d’être accueillis à leur tour dans l’univers de leurs invités. C’est donc dans l’enceinte du mythique circuit du Mans que Stéphane Sarrazin, Julien Canal, Mathias Beche et Christophe Tinseau ont accueilli les apnéistes Alice Modolo, Pierre Frola, Rémy Dubern et Arthur Guerin-Boëri, mercredi dernier (26 avril).Une journée pour découvrir le pilotage, faire le plein de sensations et vivre la magie du Mans sur des prototypes Pescarolo complètement relookés de l’école de pilotage Le Mans Driver. Ces barquettes de 360 ch pour 820 kg sont les modèles réduits des protos qui courent les 24 Heures du Mans. Pour les apnéistes, l’expérience commence par un briefing technique sur les bases du pilotage : trajectoires, freinages dégressifs, transferts de charge… Puis vient le moment d’enfiler la combinaison, bien différente de celle qu’ils connaissent. « Elle est beaucoup plus large et ne tient même pas chaud » plaisante Pierre Frolla.
Sous l’œil attentif de leurs professeurs du jour, les apnéistes se lancent à l’assaut du circuit Bugatti au volant des protos. Élèves doués, ils apprennent vite les gestes à faire : « Ce sont des sportifs de haut niveau qui ont l’habitude d’enchaîner des gestes techniques avec rigueur et précision » note Julien Canal. Après les premiers tours de piste, les apprentis pilotes ôtent leurs casques avec un sourire béat. « C’est incroyable ! Les sensations sont extraordinaires. Au début, on est concentré sur ce qu’il faut faire puis on arrive à se lâcher et à prendre du plaisir. En cela, c’est très similaire à l’apnée. Sauf qu’ici, la concentration doit être beaucoup plus longue » analyse Pierre Frolla.Au fur et à mesure que les tours s’enchaînent, la confiance grandit. Les conseils des pilotes professionnels se font plus précis. L’engagement des apnéistes est total : avant de remonter dans le baquet, Alice Modolo répète la meilleure façon de négocier chaque virage avec Mathias Bèche, son partenaire du jour. Même l’arrivée de la pluie ne parvient pas à refroidir leurs ardeurs. Seul Arthur Guerin-Boëri est forcé de constater que si son double-mètre n’est pas un handicap en apnée, ce n’est pas le gabarit idéal pour un pilote...« Après ce que j’ai vécu aujourd’hui, je peux mourir ! J’exagère peut-être mais c’est vraiment ce que je ressens », conclut Alice Modolo à la fin de la journée. Entièrement conquis, mais également éprouvés par leur engagement physique et leur concentration extrême, les apnéistes ont quitté le circuit du Mans avec la ferme intention de faire vivre à leur tour des sensations, certes différentes mais tout aussi enthousiasmantes, aux pilotes.Après le circuit Bugatti, rendez-vous pour tous les protagonistes de Le Mans Passion Share à la fosse de plongée de Villeneuve-la-Garenne. Tout comme la veille, la journée débute par un briefing sur les règles de sécurité et les techniques de compensation pour éviter les douleurs aux tympans dues à la profondeur. Il est désormais temps de se jeter dans le grand bain ! Après quelques exercices de ventilation à sec, chaque pilote rejoint son binôme pour un atelier thématique : apnée dynamique, poids constant et immersion libre, aucune spécialité ne leur sera épargnée !
À l’écoute des conseils experts des apnéistes, les pilotes se sont rapidement révélés dans leur élément sous l’eau. Ce qui n’étonne pas Arthur : « Ils ont une capacité de concentration qui leur permet d’assimiler et d’appliquer un grand nombre d’informations ». Alice est, elle, impressionnée : « Ils sont doués ! Je ne pensais pas qu’ils arriveraient à lâcher prise aussi facilement, eux qui sont dynamiques et en tension quand ils sont dans leur voiture ». Les ateliers tournent et l’esprit de compétition des pilotes les pousse à comparer leurs performances dans la fosse. Verdict : stricte égalité, tous ont réussi à descendre à 20 m !Plus important encore, ils ont pris du plaisir et ressenti des sensations nouvelles. « C’est magique ! Je n’imaginais pas une telle impression de vitesse lorsque l’on descend en free fall. Et en bas, j’étais bien : c’est calme, hors de la réalité » confie Stéphane Sarrazin. Une expérience enrichissante pour la pratique de leur propre discipline, ce  que confirme Mathias : « Ce serait bénéfique pour nous de travailler sur la ventilation et le relâchement avant de monter dans la voiture ». Au fond de l’eau, les pilotes ne se battent plus contre des concurrents mais contre eux-mêmes et leur instinct primaire de survie, celui de respirer : une expérience rare de dépassement de soi.En rapprochant l’apnée et le pilotage, des disciplines on ne peut plus opposées, Le Mans Passion Share a une fois de plus prouvé que les sportifs de haut niveau parlent tous un seul et même langage, basé sur la concentration, la recherche des limites, le respect pour la performance et la passion. Au moment de prendre un relais lors des prochaines 24 Heures du Mans, les pilotes penseront certainement à ventiler et se relâcher... Les apnéistes, eux, leur ont d’ores et déjà donné rendez-vous pour les supporter pendant l’épreuve !

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