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François Perrodo : "Porter l'Hermine le plus haut possible au Mans"

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European Le Mans Series
15 mai. 2018 • 16:23
par
lm@endurance-info.com
On comptait appeler François Perrodo pour faire un petit point après ses trois premières courses de l'année, mais ORECA Store (lien) nous a coupé l'herbe sous le pied en publiant une chronique sans filtre d'un des pilotes les plus sympathiques du paddock. Le Breton reste sur deux podiums en European Le Mans Series et une 4e place en FIA WEC, à chaque fois sur l'ORECA 07/TDS Racing qu'il partage avec Matthieu Vaxivière et Loïc Duval. La chronique est à consommer sans modération...Bonjour à tous,La saison 2017 fut sans surprise difficile mais ô combien passionnante, il était logique de rempiler pour un tour, ne serait-ce que pour progresser sur les acquis de 2017.L’apprentissage du prototype s’est avéré plus difficile que prévu et ce pour plusieurs raisons. La première d’ordre technique. Personnellement, je trouve qu’emmener ces magnifiques machines à la limite est beaucoup plus difficile qu’une GT, notamment à cause de mon manque d’expérience en termes d’aérodynamique. Le timing n’a pas aidé car 2017 était la saison d’introduction des LM P2 plus puissantes et donc plus rapides. Ensuite j’ai dû gérer les problèmes d’ergonomie. ORECA n’avait semble-t-il pas un pilote d’1m83 pour 85 kg quand ils ont désigné la coque ! Ajouté à cela un freinage pied droit (à l’ancienne) combo parfait pour de belles douleurs à chaque course. Et pour terminer un niveau de compétition en WEC redoutable, tous ces facteurs ont fait que le baptême du LM P2 fut un immense challenge.Mais le plaisir était quand même au rendez-vous (de temps en temps) avec notamment une lente mais constante progression au fil des courses. Il aurait été dommage de renoncer, surtout avec l’annonce de la super-saison et l’opportunité de participer à une saison unique.L’hiver fut studieux, avec quelques séances d’essais à Aragon, histoire d’apprendre à freiner avec le pied gauche (un apport de confort immense a défaut d’apporter de la perfo), beaucoup de sport histoire d’essayer de perdre quelques kilos (échec cuisant !) et aussi la découverte de mon nouveau coéquipier, Loïc, dont j’avais fait la connaissance l’année dernière à Bahreïn.La décision de ne pas rouler avec mon ami Manu (Collard) fut très difficile à prendre, mais si je voulais me donner un maximum de chance de jouer des podiums, vu mes performances de modeste bronze, il me fallait deux pilotes ultra rapides. Loïc apporte son immense expérience du LMP1 et sa vitesse de pointe, Matthieu a autant de fougue que de talent et le courant passe très bien entre nous trois. Manu reste une légende du sport auto, un grand ami, mon mentor, et nous attaquons un nouveau challenge ensemble, notre participation à quelques manches du championnat VLN, un vrai truc de dingue !2018 semblait bien parti donc. Hélas côté perso, c’était sans compter sur un gros emploi du temps professionnel qui a engendré beaucoup plus de voyages que prévu. Ce n’est pas évident de jongler entre le rythme d’une saison de course avec toute la préparation que cela demande et un métier à responsabilités à côté. Je ne m’en plains pas, j’ai l’immense privilège de pouvoir vivre ma passion, mais quand en plus de ça, je chope des maladies tout l’hiver, ça devient vraiment compliqué !Sportivement, nous avions décidé de participer à quelques courses d’ELMS, rien de mieux que de courir pour progresser en course !C’est donc bien fatigué que je suis arrivé au Prologue au Paul Ricard et sans surprise, la performance n’était pas au rendez-vous. Ce qui n’était pas le cas de mes deux compères qui semblaient contents de la voiture. Le Prologue ELMS fut un peu mieux. Ce fut l’occasion de rouler sur le mouillé, étonnamment je trouve la conduite du proto plus facile sur le mouillé que sur le sec, surement parce que ça va moins vite !La première course de l’année, j’étais jeté dans le grand bain de la plus belle des manières grâce à Matthieu qui avait qualifié l’auto en première ligne. Enorme stress au départ. Pourtant, la consigne de mon ingénieur ne semblait pas insurmontable : ne pas faire d’erreur et ne pas se faire prendre un tour par le leader. Ça va aller, je ne suis pas rapide mais je ne suis pas si garé que ça. Et ben, j’ai fait des erreurs et je me suis fait prendre un tour par le leader ! Super François !Départ catastrophique, un concurrent me rentre dedans au T3, je rate complètement Signes, je perds quelque chose comme 12 places dans mon premier tour, pire, ce n’était pas possible.Inutile de vous dire qu’au fond de moi, je n’étais pas très fier sur le podium. Et oui, un podium, une deuxième place ! Un grand merci à mes deux pilotes pros qui ont prouvé leur rapidité, et à TDS qui a fait un boulot irréprochable. Mais aussi au safety car dont nous avons vraiment bien profité il faut l’avouer.Belle entrée en matière tout de même…Deuxième course, les 6 Heures de Spa-Francorchamps. Circuit fabuleux, exigeant. J’arrive motivé mais toujours fatigué et malade. Vous voulez ma recette ? Passer sa vie dans les avions et avoir des gamins à la maison, un vrai nid à microbes !La course se passe plutôt bien malgré les pneus qui se dégradent beaucoup et le trafic.Cette fois ci, nous ne profiterons pas des safety cars, c’est la course, on ne peut être chanceux à tous les coups, mais nous terminons tout de même à une honorable cinquième place. Vu le niveau qu’il y a devant, on s’en sort bien, une mention spéciale pour Loïc qui était présent sur deux meetings ce week-end entre le DTM a Hockenheim et le WEC a Spa, une vraie machine de guerre !Et le week-end dernier Monza donc. Deuxième course d’entrainement, deuxième podium !!! Me serais-je trompé de championnat ?Blague à part, un circuit difficile pour sortir un beau chrono, surtout avec les protos, la moindre levée de gaz et c’est la sanction immédiate avec les immenses lignes droites qui suivent chaque chicane.Matthieu est l’auteur d’un tour de qualif, tout simplement parfait, hélas, nous sommes disqualifiés et relégués en dernière ligne pour enfreint au règlement. Ça m’a fait beaucoup de peine pour lui, il était si heureux et il le méritait. Perso, vu que je prenais le départ et après ma superbe prestation du Castellet, je m’étais dit que ce n’était pas plus mal de partir d’une anonyme 17ème place.L’objectif était le même : pas d’erreur et ne pas se faire prendre un tour par le leader. Cette fois mission accomplie ! Aucune erreur (pas évident sur ce circuit old school bosselé avec 43 dératés mentaux pied au plancher en course !) mais en plus, je rends la voiture à Loïc P7 (merci le jeu des arrêts et les safety cars mais ça fait partie de la course !). La suite vous la connaissez, gros relais de Loïc et fin héroïque de Matthieu qui a su contenir les attaques d’un Paul Loup Chatin ultra rapide!Inutile de vous dire que ce podium fut bien plus savoureux que le premier, quelle joie immense de partir dernier et de finir deuxième, surtout quand on voit le niveau des équipes qui jouent la gagne… Pas si mal pour un bronze qui a débuté la proto l’année dernière ! Mais surtout… Un immense merci à mes deux zigotos et le team qui n’a rien lâché et a fait un gros gros boulot dans les stands.On peut dire que la saison a bien démarré, avec deux podiums en trois courses, maintenant place au Mans, la course la plus importante de l’année, le plus belle aussi, son ambiance, son circuit, son imprévisibilité ! Nous avons tous hâte et je donnerai le maximum pour porter l’Hermine le plus haut possible !La suite au prochain numéro fin juin…Merci à tous,François.

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