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Carambolage de Monza : C'est pas moi c'est lui...

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Endurance Info
25 avr. 2017 • 16:42
par
lm@endurance-info.com
Cela ne vous aura pas échappé que le départ de la manche Blancpain Endurance Cup de Monza a été pour le moins chaotique avec plus de dix GT3 prises dans un impressionnant accrochage qui par miracle s’est bien terminé pour les pilotes. En revanche, le prix des réparations va nettement dépasser le million d’euros. Comme souvent, tout le monde y est allé de son commentaire plus ou moins judicieux. Alors, à qui la faute ? Retour sur une situation peu banale…Des accidents au départ d’une course, on en voit assez fréquemment. Avoir 50 GT3 sur la grille de départ sur un tracé comme Monza pouvait poser des soucis. Si vous voulez éviter les problèmes, alors il ne faut pas pratiquer le sport automobile. Le directeur de course a pris la sage décision de boucler deux tours derrière la voiture de sécurité avant de lâcher les pilotes et ce qui peut arriver dans une procédure de départ au sein d'un peloton garni est arrivé. On a Guy Smith, au volant de la Bentley Continental GT3, qui est allé toucher la Lamborghini Huracan GT3 d’Ezequiel Perez Companc qui a mis deux roues sur l’herbe avant de perdre le contrôle de sa monture. La suite, on la connaît.
Le temps de revoir l’action plusieurs fois, la direction de course a pénalisé le pilote Bentley pour avoir causé la collision. Guy Smith devait donc marquer une pénalité de 15 secondes, ce qu’il n’a pas fait. Il avait deux tours pour cela. Le message a été passé une deuxième fois, une troisième, une quatrième, puis une cinquième. Et toujours pas de Bentley dans la voie des stands. Chez Bentley Team M-Sport, on a voulu contester la pénalité en faisant appel, ce que le règlement sportif ne permet pas. Selon le constructeur britannique, Guy Smith se serait fait pousser d’où un déséquilibre de la Continental GT3. La direction de course a ensuite passé le drapeau noir au pilote de la #7. La sanction est claire : mise hors course. La Bentley a enfin emprunté la voie des stands pour finalement reprendre la piste sans s'arrêter, en grillant le feu rouge, avant qu’on lui repasse le drapeau noir. Il aura fallu attendre encore quelques minutes avant que la Bentley ne rentre définitivement dans son box. Cafouillage...
Brian Gush, directeur de Bentley Motorsport, a expliqué à nos confrères d’Autosport que les officiels auraient indiqué que l’appel était possible. De son côté, Guy Smith a attendu que son stand lui intime l’ordre de rentrer en se montrant surpris que personne ne l’attende devant la ‘penalty box’. Dans les deux cas, il y a une erreur d’interprétation du règlement sportif (comme aux 24 Heures de Spa 2016). Pourquoi demander de faire appel quand le Code Sportif de la FIA stipule qu’une telle pénalité n’est pas susceptible d’appel ? Pourquoi effectuer un drive through quand on a reçu un drapeau noir ?Pour résumer, Guy Smith a fait une grosse ‘connerie’ et Bentley Team M-Sport a cru bon de pouvoir faire valoir son bon droit. Les images n’ont rien donné. Par miracle, aucun pilote n’a été blessé, ce qui n’est pas le cas de la dizaine d’autos impliquées dans l’accident. Qui va payer les réparations chez Saintéloc Racing, Kessel Racing, WRT, GRT, Black Falcon, AKKA-ASP, Walkenhorst, Strakka Racing, Team Zakspeed, Motul Team RJN, AF Corse et Barwell Motorsport ? Imaginez si à la place de Guy Smith, pilote professionnel, on avait eu un gentleman driver… Dans le cas présent, on a un pro qui a fait une grosse bourde. Si c’était un gentleman, on aurait parlé d’assassinat sportif et d'incompétence. Allez demander à Marc Rostan (Bronze), Ezequiel Perez Companc (Silver), Brett Sandberg (Silver), Daniele Perfetti (Bronze), Jose Manuel Balbiani (Bronze) ou encore Marco Zanuttini (Bronze) ce qu'ils en pensent. Eux sont gentlemen et ont été les victimes collatérales de la manoeuvre d'un pilote professionnel. Pour contrebalancer, quel pilote professionnel n'a pas commis dans sa carrière une manoeuvre hasardeuse ?
Il ne fait aucun doute que la vitesse de la Bentley Continental GT3 #7 était supérieure à celle de la Lamborghini Huracan #19 au moment du départ. La marque britannique aurait pu porter réclamation contre Lamborghini, marque du même groupe. On peut constater que les vitesses des GT3 n’étaient pas identiques. Le plateau de 50 GT3 ne permet pas à tous les pilotes de voir le feu de départ. Ceux qui sont à l’arrière de la grille, qui ont laissé un peu de champ, ont une vitesse plus élevée que le poleman, ce qui accentue le phénomène d’empilage. Souvenons-nous du départ des 6 Heures du Castellet (ELMS) avec une voiture de sécurité qui reste en piste alors que les feux passent au vert avant de virer au rouge. Les premiers concurrents ralentissent, ceux qui sont au milieu du peloton sont surpris et ceux qui sont plus en retrait ne peuvent éviter l'accident.Il faut donc trouver des solutions pour que la situation de dimanche dernier ne se reproduise pas. L’une des idées à approfondir pourrait être de démarrer au limiteur pour que tout le monde soit à la même vitesse. Pourquoi pas prévenir les pilotes qu’une conduite dangereuse lors d’une manœuvre de départ serait directement synonyme de drapeau noir afin de calmer les ardeurs des uns et des autres. Pour une meilleure compréhension, les officiels devraient avoir en temps réel la vitesse des autos via les données GPS. Vous êtes en infraction, vous êtes sanctionné.On ne peut pas se réjouir d'avoir un championnat qui compte plus de 50 autos et dire dès le premier accident qu'il y a trop de voitures en piste. Le championnat compte une seule catégorie avec 50 GT3 groupées en 2.539s sur un tracé de 5793 mètres. A titre de comparaison, les 24 Heures de Dubai avaient 89 autos en 28.313s sur 5399 mètres. Ce qui est sûr, c'est que 15 secondes pour plus d'un million d'euros (voire deux) de dégâts, c'est léger...

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